Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/257

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d’assurance faisait supposer que si le joyeux Cavalier s’était borné à boire ce soir-là un seul coup pour remplir son vœu de tempérance, ce coup avait dû être des plus copieux et des plus longs.

« Bonjour à vous, messieurs. Bonjour à vous, sir Henri Lee, quoique j’aie à peine l’honneur de vous connaître… Bonjour à vous aussi, digne docteur, et que l’Église, d’Angleterre, aujourd’hui abattue, se relève bientôt ! — Soyez le bienvenu, monsieur, » dit sir Henri Lee, que son sentiment des devoirs de l’hospitalité et de l’accueil dû à un martyr de la royauté porta à tolérer cette visite importune plus patiemment qu’il n’eût fait en toute autre occasion. « Si vous avez combattu et souffert pour le roi, monsieur, c’est une excuse pour vous joindre à nous et venir réclamer les services qu’il est en notre pouvoir de vous rendre… quoique en cet instant nous soyons en famille. Mais je pense vous avoir vu à la suite de maître Markham Éverard, que l’on appelle le colonel Éverard. Si vous venez de sa part, vous souhaitez peut-être de me voir en particulier ? — Non, du tout, sir Henri, du tout… Il est vrai, ainsi que l’a voulu mon mauvais sort, que me trouvant du côté de la haie où bat l’orage (comme tant d’honnêtes gens)… vous me comprenez, sir Henri.. je suis charmé, pour ainsi dire, de mettre un peu à contribution le crédit de mon vieil ami et camarade… non pas en trahissant et désavouant mes principes, monsieur… je ne saurais le faire… mais bref, en lui rendant les services qui sont en mon pouvoir quand il lui plaît de recourir à moi. Or, je venais avec un message de sa part pour la vieille Tête-ronde, ce fils de… je demande pardon à mademoiselle depuis le haut de sa tête jusqu’à la semelle de ses souliers… Or, monsieur, pendant que j’errais dans cette maison au milieu de l’obscurité, je vous ai entendu porter une santé, monsieur, qui m’a réchauffé le cœur, et me le réchauffera toujours, monsieur, jusqu’à ce que la mort l’empêche de battre… or, j’ai eu à cœur de vous faire savoir qu’il y avait un honnête homme à portée de vous entendre. »

Telle fut la manière dont Wildrake s’annonça lui-même. Le chevalier lui répondit en le priant de s’asseoir et de boire un verre de vin sec à la glorieuse restauration de Sa Majesté. Wildrake, à ces mots, s’attabla sans cérémonie à côté du jeune Écossais, et non seulement fit raison au toast de son hôte, mais abonda dans son sens, en chantant un couplet ou deux de sa chanson royale favorite : « Le roi reprendra son royaume. » Le feu qu’il mit en chantant ouvrit encore davantage le cœur du vieux chevalier, quoi-