Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/176

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personnellement à la Loge, que vous consentiez même à n’y jamais venir si ce n’est sur une invitation, quand la chose serait possible, je vous le dirai franchement, je pense qu’on pourrait persuader à votre oncle et à sa fille de retourner à Woodstock, et d’y demeurer comme d’habitude : du moins le ministre, ce digne et vieux coq, me l’a fait espérer. — Il n’a pas été long à l’accorder sa confiance, dit Éverard. — C’est vrai ; il s’est fié à moi tout de suite, lorsqu’il a pu juger de mon grand respect pour l’Église. Je remercie le ciel de n’avoir jamais passé devant un prêtre en habits sacerdotaux sans lui tirer mon chapeau… et tu sais, le duel le plus furieux que j’aie jamais eu, fut avec le jeune Groylen d’Inner-Temple, parce qu’il n’avait pas cédé le côté du mur au révérend docteur Bunce. Ah ! je sais gagner au plus vite une oreille de chapelain… Corbleu ! ils savent à qui ils ont affaire en se confiant à un homme tel que moi. — Crois-tu donc alors, ou plutôt le ministre croyait-il que la famille, si elle ne redoutait pas mes importunes visites, retournerait à la Loge, en supposant que ces commissaires intrus en fussent partis, et ce tapage nocturne expliqué et fini ? — Le vieux chevalier, répondit Wildrake, peut être déterminé par le ministre à y retourner, s’il n’a point à craindre vos importunités. Quant à ce vacarme, autant que j’en ai pu juger par deux minutes de conversation que j’ai eue avec lui, il en rit comme d’une œuvre de pure imagination, conséquence des remords que leur envoient leurs mauvaises consciences, et dit qu’on n’a jamais entendu parler de spectres ni de diables à Woodstock, avant que la Loge devînt la résidence de gens tels que ceux qui en ont à présent usurpé la possession. — Ah ! c’est plus que de l’imagination, dit Éverard. J’ai des raisons personnelles de croire qu’il y a quelque conspiration sous jeu, pour que la maison ne soit pas tenable aux commissaires. J’ai la certitude maintenant que mon oncle n’est pour rien dans ces sots artifices ; mais il faut que je les voie terminés avant de le laisser lui et ma cousine demeurer dans un lieu où s’exécute un pareil complot ; car on pourrait les accuser d’être auteurs de ces folies, quels que puissent être les véritables agents. — Pardon, Éverard, si je vais parler avec aussi peu de respect de votre plus intime connaissance, mais je soupçonnerais plutôt que le vieux père des Puritains… je vous demande encore une fois pardon… a trempé dans le complot ; et si mon soupçon est fondé, Lucifer ne regardera jamais de près la barbe du vieux et fidèle chevalier, ne lancera pas un regard sur les innocents yeux bleus de la jeune fille. Il me sem-