Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/111

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le droit de le partager eux-mêmes : de même que le daim, terrassé par les chiens, ne peut leur servir de pâture, et ils en sont éloignés à coups de fouet, pour punir leur audace au lieu de récompenser leurs services. Pourtant, ce que j’en dis n’a pas seulement trait à cette concession de Woodstock, lorsque je considère que peut-être leurs Seigneuries du conseil, ainsi que les commissaires du parlement, peuvent gracieusement croire qu’ils m’en ont accordé une partie, attendu que mon parent Desborough est intéressé dans cette affaire ; et comme il a bien mérité cette récompense pour ses loyaux et fidèles services envers ce malheureux et saint pays, il serait inconvenant à moi de le diminuer à son préjudice, à moins qu’il n’y eût un grand motif d’utilité publique. Ainsi, tu vois dans quelle position je me trouve, mon honnête ami, et quelles sont mes intentions relativement à la requête que m’adresse ton maître ; non pas que je veuille dire absolument que je puisse l’accorder ou la refuser, avec ou sans conditions : je ne fais qu’exposer mes idées à cet égard. Tu me comprends, n’est-ce pas ? »

Mais Roger Wildrake, malgré toute l’attention qu’il avait été capable de donner au discours du lord général, s’était tellement embrouillé dans les diverses parties de sa harangue, qu’il en était tout troublé, comme un homme de la campagne qui se trouve dans un embarras de voitures, et ne peut faire un pas pour échapper à une sans s’exposer à être écrasé par les autres.

Le général, voyant son air de perplexité, commença un second discours dans le même genre que le premier. Il parla de son affection pour son cher ami le colonel ; de la considération qu’il avait pour son pieux et saint parent, maître Desborough ; de la grande importance du palais et du parc de Woodstock et de l’arrêt du parlement qui en ordonnait la confiscation pour en faire entrer le produit dans les coffres de l’État ; de sa profonde vénération pour l’autorité du parlement, et de la peine qu’il éprouvait de l’injustice qu’on faisait à l’armée. Ses souhaits, ses désirs étaient que tout s’arrangeât tranquillement et à l’amiable, sans vue d’intérêt privé, sans débats ni querelles entre ceux qui avaient servi la grande cause nationale tant par leurs conseils que par leurs actions : il souhaitait vivement de contribuer à l’accomplissement de cet ouvrage, en faisant non seulement le sacrifice de ses dignités, mais encore de sa vie, si on l’exigeait de lui, et qu’il pût y souscrire sans compromettre ces pauvres soldats, ces malheureux qu’il devait traiter avec toute l’affection d’un père, puisqu’ils l’avaient suivi avec