Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/10

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bre avec leurs maîtres, eurent les pieds de leurs lits soulevés beaucoup plus haut que leurs têtes ; ils s’attendaient à avoir le cou rompu : ils furent en effet jetés avec violence de leurs lits dans la chambre à une distance considérable ; ceci se répéta plusieurs fois, et les commissaires en furent les témoins stupéfaits. Le lendemain matin, on trouva les bois de lit fendus ou brisés ; et ledit Giles et ses camarades déclarèrent avoir les membres disloqués par l’ébranlement et le cahotement de leurs lits.

« Le 19 octobre, au moment qu’ils étaient tous ensemble au lit, toutes les lumières s’éteignirent à la fois en répandant une odeur sulfureuse, et aussitôt un grand nombre d’assiettes de bois furent mises en mouvement dans la chambre. L’un des domestiques ayant levé la tête par dessus les draps, n’en reçut pas moins de six qui le blessèrent grièvement. Le lendemain on trouva les assiettes çà et là dans la chambre, et on remarqua que c’étaient les mêmes que celles dans lesquelles on avait mangé la veille, aucune n’étant restée dans la chambre des provisions ou paneterie.

« Dans la nuit du 20 octobre, les lumières furent éteintes comme auparavant, les rideaux des lits dans lesquels dormaient les commissaires furent tirés et retirés plusieurs fois avec une grande violence ; leurs Seigneuries reçurent plusieurs mauvais coups, étant d’ailleurs assez meurtries par huit grands plats d’étain et trois douzaines d’assiettes de bois qu’on avait jetés sur les lits et qu’on entendit ensuite rouler dans l’appartement.

« Pendant assez long-temps, cette même nuit, on entendit rouler beaucoup de fagots près des lits ; mais le matin on n’y en trouva aucun, on ne trouva non plus ni plats ni assiettes ; et ledit Giles attesta que, d’après leur arrangement tout différent dans la paneterie, on les avait sans doute enlevés et replacés immédiatement.

« Le 21 octobre, le garde et son chien passèrent la nuit près des commissaires, et l’on n’entendit rien.

« Le 22 octobre, les lumières furent enlevées comme auparavant. Les commissaires avaient avec eux le chien, et n’en furent point pour cela protégés : le chien poussa un cri lamentable ; les draps des lits furent tirés avec force et sans qu’il fît aucun vent, les briques du haut de la cheminée furent jetées dans le milieu.

« Le 24 octobre, les lumières furent de même enlevées ; on crut que tout le bois du chêne du roi était violemment jeté près des lits ; on compta soixante-quatre fagots qui tombèrent avec une grande violence, et quelques uns ébranlèrent les lits ; mais le