Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/76

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— Diable soit des gens ! voilà tout ce qu’on retire des soins, de l’embarras et de la peine qu’on se donne pour les recevoir à dîner, sans compter encore la dépense. Ô Seged, empereur d’Éthiopie ! dit-il en tenant d’une main sa tasse de thé, et de l’autre un volume du Rôdeur (car c’était régulièrement son habitude de lire, quand il buvait et mangeait en présence de sa sœur, comme témoignant, par cette coutume, son mépris pour la société des femmes, et sa résolution de mettre tous ses momens à profit pour son instruction). Ô Seged, empereur d’Éthiopie ! tu parlais avec sagesse… Quel est celui de nous qui peut dire : Ce jour s’écoulera dans le bonheur ? »

Oldbuck continua ses études, pendant près d’une heure, sans être interrompu par les dames, qui, toutes deux dans un profond silence, s’occupaient de quelque ouvrage de leur sexe. À la fin, on entendit frapper à la porte du parloir un coup léger et modeste. « Est-ce vous, Caxon ? entrez, entrez, bon homme. »

Le vieillard ouvrit la porte, et ne montrant à travers que sa maigre figure, sur laquelle tombaient quelques cheveux gris, et une seule manche de son habit blanchâtre, il dit d’un ton bas et mystérieux : « J’aurais voulu vous parler, monsieur.

— Entre donc, vieil imbécile ! et dis ce que tu as à dire.

— Je ne voudrais pas effrayer ces dames, dit l’ex-friseur.

— Effrayer ! répondit l’Antiquaire ; que voulez-vous dire ? Ne vous inquiétez pas des dames, avez-vous vu encore un revenant à Humlock-Knowe ?

— Non, non, monsieur, ce n’est pas un revenant cette fois ; mais je n’ai pas l’esprit tranquille.

— As-tu jamais vu quelqu’un qui le fût ? répondit Oldbuck ; et de quel droit un vieux misérable faiseur de perruques comme toi aurait-il l’esprit plus tranquille que le reste du genre humain ?

— Ce n’est pas pour moi que je crains, monsieur ; mais la nuit menace d’être terrible ; et sir Arthur et miss Wardour, la pauvre enfant…

— Eh bien ! ils doivent avoir rencontré leur voiture au commencement de l’avenue, et sont sans doute chez eux depuis long-temps.

— Non, monsieur, ils n’ont pas pris la grande route pour aller au devant de la voiture. Ils sont allés par les sables. »

Ce mot fit sur Oldbuck l’effet de l’électricité. « Les sables ! s’écria-t-il, ce n’est pas possible ! »

— Hélas ! monsieur, c’est ce que je disais au jardinier ; mais il