tain sur le bras droit ; deux ou trois sacs ou besaces pour contenir les différentes espèces de farine quand il recevait l’aumône en nature de ceux qui n’étaient guère plus riches que lui : toutes ces marques indiquaient à la fois un mendiant de profession, et l’un de ceux qui appartenaient à cette classe privilégiée appelée en Écosse les Bedesmen du roi, ou vulgairement les robes bleues[1].
« Que disiez-vous, Édie ? demanda Oldbuck, espérant peut-être que ses oreilles l’avaient trompé : de quoi parliez-vous ?
— De ces débris de maçonnerie, Votre Honneur, répondit l’imperturbable Édie ; je me souviens à quelle occasion on avait bâti là.
— Comment diable ! vieux fou, ils étaient là avant que vous fussiez né, et y seront encore bien long-temps après que vous aurez été pendu.
— Pendu ou noyé, ici ou là-bas, mort ou vivant, cela n’empêche pas que je me souvienne de l’origine de ces débris.
— Vous… vous… vous !… dit l’Antiquaire balbutiant de confusion et de rage ; vous, vieux vagabond, que diable en pouvez-vous savoir ?
— Oh ! tout ce que j’en sais, Monkbarns ! et que m’en reviendrait-il de vous dire un mensonge ? Tout ce que j’en sais, c’est qu’il y a environ vingt ans, moi et d’autres bons garçons comme moi, avec les maçons qui ont construit le fossé qui s’étend là-bas le long de l’avenue, et deux ou trois pâtres peut-être, nous nous mîmes à l’ouvrage et bâtîmes ici une enceinte dont vous voyez là les ruines et que vous appelez… le… prœtorium. Et tout cela afin de pouvoir y danser à la noce du vieux Aiken Drum, et nous y dansâmes joyeusement, je dis, quoique le temps fût pluvieux. En témoignage de cela, Monkbarns, si vous faites fouiller les décombres, comme vous semblez avoir commencé à le faire, vous trouverez, si vous ne l’avez déjà trouvée, une pierre sur laquelle un des garçons maçons, pour jouer un tour au marié, avait entaillé une cuiller à pot, sur laquelle il avait gravé ces quatre lettres A. D. L. L., c’est-à-dire, Aiken Drum’s Lang Ladle[2] car Aiken était un des grands mangeurs de choux du comté de Fife. »
Ceci, pensa Lovel, est un excellent pendant à l’histoire de Keip