découvrir, et le troisième jour, monsieur, nous trouvâmes une pierre que j’ai fait transporter à Monkbarns, afin d’en faire mouler la sculpture avec du plâtre de Paris. Elle représente un vase des sacrifices, avec les lettres A. D. L. L., qu’il n’est pas très difficile d’expliquer ainsi : Agricola dicavit libens, hubens[1].
— Certainement, monsieur, puisque les antiquaires hollandais réclament pour Caligula l’invention des phares, sur la seule autorité des lettres C. C. P. F. qu’ils interprètent par Caius Caligula pharum fecit[2].
— C’est vrai, et cette interprétation a toujours été conservée comme très juste. Je vois que je ferai quelque chose de vous, même avant que vous portiez des lunettes, quoique vous ayez trouvé les traces de ce superbe camp confuses, à la première vue.
« Avec le temps, monsieur, et au moyen de bonnes instructions… vous deviendrez plus habile… Je n’en doute pas… À votre première visite à Monkbarns, il vous faudra lire mon petit Essai sur la Castramétation, avec quelques remarques particulières sur les vestiges des anciennes fortifications dernièrement découvertes par l’auteur dans le Kaim de Kinprunes. Je crois avoir montré le secret infaillible de reconnaître ce qui appartient à l’antiquité. Je prélude par quelques règles générales qui ont trait à ce point, savoir, sur la nature des témoignages qu’on doit accueillir en pareil cas. En attendant, veuillez remarquer par exemple que j’aurais pu m’appuyer du fameux vers de Claudien,
« Ille Caledoniis posuit qui castra pruinis[3]. »
Car pruinis, quoique interprété par gelées blanches, auxquelles
j’avoue que nous sommes assez sujets sur cette côte nord-est, pourrait
aussi signifier une localité, comme prunes ; le Castra pruinis
posita serait donc le Kaim de Kinprunes. Mais je mets ceci de
côté, car je sens que les épilogueurs pourraient s’en appuyer pour
renvoyer mon castra au temps de Théodose, que Valentinien n’expédia
en Bretagne que dans l’année 367 ou environ. Non, mon bon
ami, j’en appelle aux yeux des gens : ne voilà-t-il pas la porte Décumane,
et ici, si ce n’était à cause des ravages de cette horrible
charrue, comme l’appelle un savant ami, ne trouverions-nous pas
la porte Prétorienne à main gauche ? Vous pouvez voir quelques lé-