Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/444

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les mains de celui à qui elle était destinée ; et quand ce démon d’Allemand cherchait le couvercle de la cassette, car il était affriandé, je crois que ce fut un démon écossais qui me mit dans la tête de lui jouer ce mauvais tour. Vous voyez bien que si j’en avais dit un peu plus ou un peu moins au bailli Little-John, toute l’histoire se serait découverte, et Dieu sait comme M. Lovel aurait été fâché de paraître là dedans ; aussi j’étais décidé à tout supporter pour éviter cela.

— Je suis forcé d’avouer, dit Oldbuck, qu’il n’a pas été trompé dans le choix de son confident, quoiqu’il puisse paraître un peu étrange.

— Je puis dire cela en ma faveur, Monkbarns, répondit le mendiant ; c’est que je suis peut être de tout le pays l’homme à qui il est le plus sur de confier de l’argent, par la raison que je n’en ai pas besoin, que je n’en désire pas, et que je ne saurais à quoi l’employer si j’en avais. Mais le pauvre garçon n’avait guère le choix dans cette affaire, car il croyait quitter le pays pour jamais (j’espère maintenant qu’il s’était trompé) ; et lorsque nous apprîmes, par un singulier hasard, la détresse de sir Arthur, la nuit était déjà avancée, et Lovel devait être à bord au point du jour. Cependant, cinq ou six nuits après, le brick vint passer une nuit en station dans la rade ; je fus averti de le joindre en chaloupe, et ce fut alors que nous enterrâmes le trésor où il fut trouvé.

— Il faut avouer que c’était là un exploit bien extravagant, bien romanesque, dit Oldbuck ; pourquoi ne pas se fier à moi ou à tout autre ami ?

— Il avait les mains teintes du sang du fils de votre sœur, dit Édie, et peut-être à répondre de sa vie ; était-ce là le moment d’aller vous demander conseil ? Et quel temps avait-il pour se consulter lui-même ou tout autre ?

— Vous avez raison ; mais si Dousterswivel eût pris les devans ?

— Il n’y avait pas grand’crainte qu’il vînt là sans être accompagné de sir Arthur. Il avait eu une fameuse frayeur une des nuits précédentes, et ne se souciait guère d’approcher de ce lieu, à moins qu’il n’y fût amené de force. Il savait bien que la première trouvaille avait été cachée par lui-même ; comment donc pouvait-il s’attendre à la seconde ? Il n’avait fait cela que pour tirer meilleur parti de sir Arthur.

— Alors, dit Oldbuck, comment espériez-vous que sir Arthur vînt là tout seul ?