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Mac Intyre, s’approcha de son prisonnier, et tint prudemment l’œil fixé sur les mouvemens du jeune militaire.

« Croyez-vous que je m’occupe de vous, l’ami ? lui dit le jeune homme ; tenez, voilà une guinée pour la peur que je vous ai faite : Voilà un vieux brave du 42e, qui était pour vous un meilleur antagoniste que moi. »

L’huissier, qui était un de ces misérables qui empochent volontiers un mauvais compliment quand il leur rapporte quelque chose, retint dans sa main la guinée qu’Hector lui jetait à la figure, et se mit à observer prudemment le tour que les affaires allaient prendre. Cependant toutes les voix s’élevaient pour faire des questions, et aucune ne songeait à y répondre.

« Qu’y a-t-il donc, capitaine Mac Intyre ? dit sir Arthur.

— Demandez au vieil Édie, dit Hector ; je sais seulement que tout va bien, que tout est sauvé.

— Qu’est-ce que tout ceci, Édie ? demanda miss Wardour au mendiant.

— Votre Seigneurie doit demander à Monkbarns, c’est lui qui a la correspondance épistolaire.

— Vive le roi ! » s’écria l’Antiquaire à son premier regard sur le contenu du paquet ; et oubliant à la fois son décorum, sa philosophie et son phlegme ordinaire, il jeta en l’air son chapeau retroussé, qui retomba sur une des branches d’un grand chandelier ; puis jetant un joyeux regard autour de lui, il mit la main sur sa perruque, et allait peut-être lui faire suivre la route du chapeau, si Édie ne lui avait arrêté la main en disant : « Seigneur mon Dieu, la tête lui tourne ! pensez donc, Monkbarns, que Caxon n’est pas là pour réparer le mal. »

Tout le monde assaillit l’Antiquaire, et l’étourdit de questions sur la cause d’un pareil transport ; et lui, tant soit peu honteux de ce délire, leur tourna bravement le dos, comme un renard aux cris d’une meute de chiens, et montant l’escalier deux à deux, jusqu’à ce qu’il fût arrivé en haut, il s’arrêta sur le palier, et se retournant, s’adressa ainsi à ses auditeurs surpris :

« Mes bons amis, favete linguis[1] Pour vous informer de ce qui se passe, il faut d’abord, suivant tous les logiciens, que je le sache moi-même : ainsi donc, avec vos permissions, je vais me retirer dans la bibliothèque ; sir Arthur et miss Wardour auront la bonté de passer dans le parloir : monsieur Sweepclean, secede

  1. Retenez vos langues. a. m.