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se fut pas plus tôt emparé d’un cheval pour l’attacher à la carriole, qu’un des officiers de justice lui frappa sur l’épaule en lui disant : « Mon ami, il ne faut pas toucher à cet animal, il est porté sur l’inventaire.

— Quoi ! dit le domestique, je ne puis prendre le cheval de mon maître pour faire la commission de ma jeune maîtresse ?

— Il ne faut toucher à rien ici, dit l’homme de la loi, ou vous serez responsable des conséquences.

— Comment diable, monsieur ! » dit Hector qui, ayant suivi Édie dans le but de le questionner plus en détail sur la nature de ses projets et de ses espérances, commentait déjà à se hérisser comme le chien terrier habitant de ses montagnes natives ; « comment diable avez-vous l’impudence d’empêcher le domestique d’obéir aux ordres de sa maîtresse ? »

Quelque chose dans l’air et le ton du jeune militaire semblait annoncer que son intervention ne se bornerait pas à de simples raisonnemens, et que, s’il finissait par donner à son adversaire l’avantage de lui intenter un procès de violence et de mauvais traitemens, ce ne serait pas sans que ce dernier en eût préalablement les motifs les plus fondés. L’officier de la loi, en présence d’un officier de l’armée, saisit d’une main peu assurée le bâton crasseux destiné à appuyer son autorité, et de l’autre présenta sa petite baguette officielle dont le bout, comme de coutume, était d’argent, avec un anneau passé dedans. « Capitaine Mac Intyre, je n’ai pas de contestation avec vous ; mais si vous m’interrompez dans l’exercice de mes fonctions, je romprai la baguette de paix et déclarerai que vous m’avez fait violence…

— Et qui diable se soucie de cela ? dit Hector complètement ignorant des termes d’une action judiciaire ; et quant à rompre votre baguette de paix, comme il vous plaira de l’appeler, tout ce que j’en sais, c’est que, moi, je vous romprai les os si vous empêchez ce garçon d’atteler les chevaux pour obéir aux ordres de sa maîtresse.

— Je prends à témoin tous ceux qui sont ici, s’écria l’officier, que je lui ai montré le signe de mon ministère, et le lui ai expliqué ; mais celui qui veut la guerre aura la guerre ; » et en parlant ainsi, il fit glisser son anneau énigmatique d’un bout du bâton à l’autre, ce qui est le signal que donne un officier de la loi quand il est interrompu par la violence dans l’exercice de son devoir.

L’honnête Hector, plus accoutumé à l’artillerie du champ de