Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/392

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— N’en dites pas davantage, reprit le magistrat, la chose sera faite tout de suite… Il sera éloigné tanquam suspect… Je crois que c’est là une de vos phrases, Monkbarns.

— Elle est classique, bailli, vous faites des progrès.

— Cependant j’ai été si accablé par les affaires publiques, que je me suis vu obligé de m’associer mon premier garçon. J’ai eu deux correspondances différentes avec le sous-secrétaire d’état ; l’une au sujet de la taxe projetée sur le chanvre de Riga, et l’autre sur le projet de détruire les sociétés politiques. Vous voyez donc que vous feriez bien de me communiquer ce que vous savez de la découverte de ce vieux mendiant, puisqu’il s’agit d’un complot contre l’état.

— Je le ferai dès que j’en serai le maître, reprit Oldbuck ; je hais l’embarras que cause la direction de ces sortes d’affaires. Souvenez-vous cependant que je n’ai pas dit positivement un complot contre l’état ; j’ai dit seulement que j’espérais découvrir, par l’entremise de cet homme, un coupable complot.

— S’il y a complot, il doit y avoir trahison ou sédition au moins, dit le bailli. Voulez-vous le cautionner pour quatre cents marcs ?

— Quatre cents marcs pour une vieille robe bleue ! rappelez-vous donc l’acte de 1701, sur le règlement des cautions… Ôtez un chiffre de cette somme, et je consens à lui donner ma garantie pour quarante.

— Eh bien, monsieur Oldbuck, vous savez que tout le monde à Fairport est disposé à vous obliger ; et outre cela, je vous connais pour un homme prudent et qui ne s’exposerait pas plus volontiers à perdre quarante marcs que quatre cents. Ainsi j’accepte votre caution, meo periculo[1]. Que dites-vous encore de cette phrase de loi ? Je l’ai retenue d’un savant conseiller. — Je vous garantis cela, disait-il, meo periculo.

— Et moi je garantis Édie Ochiltree de même, meo periculo, dit Oldbuck. Ainsi faites dresser à votre clerc l’acte de caution, et je vais le signer. »

Lorsque cette affaire fut terminée, l’Antiquaire communiqua à Édie l’heureuse nouvelle qu’il était encore une fois en liberté, en lui conseillant de diriger sa course vers Monkbarns. Il en prit lui-même la route, avec son neveu, après avoir accompli cette bonne œuvre.

  1. À mes risques et périls. a. m.