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heures régulières de ses repas. « C’est bon pour des soldats comme vous, bailli, qui saisissent l’occasion de manger quand elle se présente. Mais, à propos, j’ai appris avec peine qu’il y avait de mauvaises nouvelles du brick de Taffril.

— Ah, le pauvre diable ! dit le bailli ; il faisait tant d’honneur à la ville. Il s’était fort distingué le ler de juin.

— Mais, dit Oldbuck, je suis effrayé de vous en entendre ainsi parler au passé.

— Ma foi, je crains qu’il n’y ait que trop de raisons pour cela, Monkbarns ; cependant il ne faut pas encore désespérer tout-à-fait. On dit que cet accident est arrivé dans la baie de Rattray, à vingt milles environ, vers le nord, et près de la baie de Dirtenalan. J’y ai envoyé prendre des renseignemens, et votre neveu lui-même est sorti en courant comme s’il allait chercher le bulletin d’une victoire. »

À ce moment Hector entra en s’écriant : « Je crois que tout cela n’est qu’un maudit mensonge. Je ne puis trouver aucune autorité qui le confirme que le bruit général.

— Et dites-moi, je vous prie, monsieur Hector, dit son oncle, si cela était vrai, par la faute de qui Lovel se serait-il embarqué ?

— Par la mienne, à coup sûr, répondit Hector, mais par suite de mon malheur.

— Réellement ? dit son oncle ; je n’aurais jamais pensé cela.

— Mais cependant, monsieur, malgré tout votre penchant à me trouver des torts, répondit le jeune soldat, vous conviendrez au moins que dans cette occasion on ne peut douter de mes intentions. J’ai ajusté Lovel de mon mieux, et si j’avais mieux réussi, il est évident qu’il aurait eu mon mal et moi le sien.

— Et qui vous préparez-vous encore à ajuster, maintenant que vous traînez avec vous ce magasin de poudre à canon ?

— Je me prépare à la chasse dans les marais de lord Glenallan, monsieur, qui est pour le 12.

— Ah ! Hector, cette grande chasse vaudrait mieux,


« Omne cum Proteus pecus egit altos
Visere montes[1], »


si, au lieu de nos timides oiseaux de bruyère, vous aviez à combattre quelque phoque belliqueux.

  1. « Quand Protée mena ses troupeaux marins sur le haut des montagnes. » Horace, liv. I, ode ii. a. m.