Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/372

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maison régulière. J’espère que vous vous dédommagerez ce matin de la diète que vous avez faite hier. »

Mais ceci n’entrait pas du tout dans les idées de lord Glenallan : ayant salué la compagnie avec cette politesse grave et mélancolique qui distinguait ses manières, son domestique plaça devant lui une tranche de pain grillée avec un verre d’eau pure, ce qui composait son déjeuner habituel. Tandis que le vieil Antiquaire et le jeune officier expédiaient le leur d’une manière un peu plus solide, le bruit des roues d’une voiture se fit entendre.

« C’est, je crois, la voiture de Votre Seigneurie, dit Oldbuck : voilà, sur ma parole, un élégant quadriga, car tel était, suivant le meilleur scholium, le vox signala des Romains pour un chariot attelé de quatre chevaux, comme celui de Votre Grandeur.

— Et j’ose assurer, dit Hector en regardant les chevaux, de la croisée, avec une ardente admiration, que jamais quatre chevaux bais plus beaux et mieux assortis n’ont été attelés à une voiture ! Quelle belle encolure ! Quels magnifiques chevaux d’escadron ils feraient ! Puis-je demander à Votre Seigneurie s’ils sont de la race de ses écuries ?

— Je le crois, dit lord Glenallan ; mais j’avoue que j’ai tellement négligé mes affaires domestiques, que je suis obligé d’avoir recours à Calvert pour m’en assurer.

— Ce sont des élèves du haras de Votre Seigneurie, dit Calvert ; ils descendent de Tom et de Jemima et Yarico, les deux jumens de race de Votre Seigneurie.

— En ont-elles produit d’autres ? demanda le comte.

— Deux de plus, milord, un qui a quatre ans accomplis, et l’autre cinq ; ce sont tous deux de très belles bêtes.

— Alors, faites-les amener demain matin à Monkbarns par Dawshins, dit le comte ; j’espère que le capitaine Mac Intyre me fera le plaisir de les accepter, s’il les juge capables de lui être utiles. »

Les yeux du capitaine Mac Intyre étincelèrent de joie, et il exprima sa reconnaissance à lord Glenallan avec la vivacité dont il était susceptible, tandis que l’Antiquaire, saisissant le comte par la manche, essayait de s’opposer à un présent qui lui semblait de mauvais augure pour ses provisions d’avoine et de foin.

« Milord, milord, vous êtes trop bon, beaucoup trop bon, mais Hector est un fantassin, il n’est jamais monté à cheval pendant une bataille. Il appartient au corps des montagnards, et son uniforme même ne conviendrait pas au service de la cavalerie.