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que enquête sur la manière dont miss Neville était morte. Je vous blesse, milord, mais je dois être franc… J’avoue que j’eus toutes les raisons possibles de croire qu’on avait agi envers elle d’une manière indigne, qu’elle avait été abusée par un mariage feint, ou que les mesures les plus fortes avaient été prises pour étouffer et détruire les preuves d’une union qui aurait été réelle. Je ne puis non plus douter en aucune manière que cette cruauté de Votre Seigneurie, soit qu’elle fût l’effet de sa propre volonté, ou de l’influence de la dernière comtesse, n’ait poussé cette malheureuse jeune dame à l’acte de désespoir qui termina sa vie.

— Les conclusions que vous avez été induit à former ne sont pas justes, monsieur Oldbuck, quoiqu’elles semblent dériver naturellement des circonstances qui y donnèrent lieu. Croyez-moi, je ne vous estimai jamais tant qu’au moment où je redoutais le plus l’activité de vos recherches sur les malheurs de notre famille. Vous vous montrâtes plus digne que moi de miss Neville par le courage avec lequel vous persistâtes à justifier son honneur, même après sa mort. Vos efforts, tout bien intentionnés qu’ils étaient, ne pouvaient que mettre au jour une histoire trop horrible pour être connue, et cette conviction seule me porta à seconder ma malheureuse mère dans son projet de faire disparaître toutes les preuves du mariage légitime qui avait eu lieu entre Éveline et moi. Mais asseyons-nous sur ce banc, car je me sens hors d’état de rester debout plus long-temps, et ayez la bonté d’écouter la découverte extraordinaire que j’ai faite aujourd’hui. »

Ils s’assirent donc, et lord Glenallan raconta brièvement sa fatale histoire, son mariage secret, l’horrible imposture par laquelle sa mère avait voulu rendre impossible une union déjà formée. Il entra dans le détail des artifices de la comtesse, qui, ayant dans les mains tous les documens relatifs à la naissance de miss Neville, n’avait produit que ceux qui se rapportaient à une époque où, pour des raisons de famille, son père avait consenti à faire passer cette jeune personne pour sa fille naturelle, et démontra l’impossibilité où il était de découvrir la fraude que sa mère avait imaginée, et qu’elle avait fait appuyer des sermens solennels de ses deux femmes, Elspeth et Theresa.

« Je quittai le toit paternel, dit-il en terminant, comme un homme poursuivi par les furies de l’enfer. Je voyageai avec une rapidité frénétique sans avoir aucun but. Il ne m’est pas resté le moindre souvenir de ce que je fis et de l’endroit où j’allai, jusqu’au