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poche pour qu’il ne fût pas perdu ; puis nous entendîmes les pas des chevaux, et vous me criâtes de courir, de sorte que je ne pensai plus au portefeuille.

— Il faut trouver le moyen de le lui faire remettre d’une manière ou de l’autre ; peut-être sera-t-il mieux que vous le reportiez vous-même chez Ringan Aikwood, à la petite pointe du jour. Je ne voudrais pas pour 100 livres sterling qu’on le trouvât entre nos mains. »

Steenie promit de suivre ce conseil.

« Voilà une jolie nuit que vous venez de passer, monsieur Steenie, dit Jenny Rintherout, qui, ennuyée de n’avoir pas été plus tôt remarquée, vint se présenter devant le jeune pêcheur ; une jolie nuit, vraiment ! à courir avec des vagabonds et à vous faire poursuivre par les loups-garous, quand vous devriez être dans votre lit à dormir, comme votre honnête homme de père. »

Cette sortie lui attira une réponse du jeune pêcheur sur le même ton de raillerie ; après quoi on se mit à attaquer les gâteaux d’avoine et le poisson fumé, qui se trouvèrent fortifiés d’une ou deux pintes d’ale et d’une bouteille de genièvre. Le mendiant se retira ensuite sous un hangar voisin, où il s’étendit sur de la paille fraîche ; les enfans, l’un après l’autre, se glissèrent dans leur nid ; la vieille mère fut déposée dans son lit de bourre ; Steenie, malgré ses fatigues précédentes, eut la galanterie d’accompagner chez elle miss Jenny Rintherout, et l’histoire ne dit pas à quelle heure il rentra. Enfin la mère de famille, ayant couvert le feu et mis une espèce d’ordre dans la chambre, fut la dernière à s’aller coucher.


CHAPITRE XXVII.

LE MESSAGE MYSTÉRIEUX.


Il y a beaucoup de grands qui donneraient la moitié de leurs biens pour connaître la manière et avoir l’honneur de mendier dans le grand genre.
Le Buisson du mendiant.


Le vieil Édie se leva avec l’alouette, et son premier soin fut de s’informer de Steenie et du portefeuille. Le jeune pêcheur avait été contraint d’accompagner son père avant le jour, afin de profiter de