« C’est de la terre fraîchement remuée, dit Édie, elle ne résiste pas… Je me connais à cela, moi, car j’ai travaillé tout un été avec le vieux Will Winnet, le fossoyeur, et j’ai creusé plus d’une tombe dans ma vie ; mais je l’ai quitté pendant l’hiver, car il faisait trop froid à ce travail-là ; puis il vint une fête de Noël[1], et les gens mouraient comme des mouches, car on dit qu’une fête de Noël emplit les cimetières. Mais moi qui n’ai jamais aimé à travailler dur de ma vie, je m’en fus, et laissai Will creuser tout seul ces dernières demeures pour lui et pour Édie. »
Les travailleurs arrivèrent alors à un point qui permit de distinguer que les côtés de la tombe qu’ils fouillaient avaient été dans l’origine entourés de quatre murs de pierre de taille, formant un parallélogramme destiné probablement à recevoir le cercueil.
« Ne fût-ce que par curiosité, dit l’Antiquaire, ces travaux vaudraient la peine d’être continués… Je voudrais savoir quel est celui dont la tombe a coûté tant de soins et de peines.
— Les armes du bouclier, dit sir Arthur en soupirant, sont les mêmes que celles qu’on voit sur la tour de Misticot[2] qu’on suppose avoir été construite par Malcolm l’usurpateur. Personne ne sut où il avait été enterré, et il y a une vieille prophétie dans notre famille qui ne nous présage rien de bon quand son tombeau sera découvert.
— Je me souviens, dit le mendiant, de l’avoir entendu citer bien souvent quand je n’étais qu’un enfant ; la voici :
« Du tombeau de Malcolm quand on sera certain,
Les biens de Knockwinnock seront tous perte ou gain. »
Oldbuck avec ses lunettes sur le nez s’était déjà mis à genoux sur le monument, et suivait, moitié des yeux, moitié du doigt, les restes effacés de l’effigie du défunt guerrier. « Ce sont très certainement les armes de Knockwinnock, s’écria-t-il, écartelées avec celles des Wardour.
— Richard, appelé Wardour Main-Sanglante, avait épousé Sibylle de Knockwinnock, héritière de cette famille saxonne, et par cette alliance, dit sir Arthur, donna au château et à la terre le nom de Wardour, en l’année de Jésus-Christ 1150.