Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/239

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se croyait autorisé, en le voyant entrer en convalescence, à donner essor à ses plaintes sur l’embarras qu’il avait eu et l’interruption apportée dans ses occupations savantes. Encouragé par le respectueux silence dans lequel sa sœur et sa nièce l’écoutaient, il exhala son mécontentement en murmures semblables à ceux que nous avons rapportés, dirigeant à la fois ses sarcasmes contre la race féminine, les militaires, les chiens et les fusils, qu’il regardait tous comme des causes plus ou moins directes de bruit, de discorde et de désordre, et qu’il déclarait avoir en abomination.

Cet épanchement de bile ou cette éruption de spleen fut tout-à-coup interrompu par le bruit d’une voiture qui s’arrêtait à la porte. Cet incident dissipa au même instant la mauvaise humeur d’Oldbuck, qui se hâta de monter chez lui et d’en redescendre bien vite, chose de nécessité absolue, pour recevoir convenablement miss Wardour et son père à la porte de sa maison.

Après s’être de part et d’autre salués avec cordialité, sir Arthur, qui avait envoyé plusieurs fois s’informer de l’état du capitaine Mac Intyre, en demanda plus particulièrement des nouvelles.

La réponse fut : « Il va mieux qu’il ne mérite, après nous avoir tous tourmentés de ses folles querelles et violé la paix de Dieu et du roi.

— Le jeune gentilhomme, dit sir Arthur, avait été un peu imprudent ; mais il avait appris qu’on lui avait l’obligation d’avoir signalé un caractère suspect dans la personne du jeune Lovel.

— Pas plus suspect que le sien, répondit l’Antiquaire, ardent à défendre son favori. Il s’est assez follement entêté à ne pas répondre aux impertinentes questions d’Hector, voilà tout. Mais Lovel, sir Arthur, sait mieux choisir ses confidens. — Oui, miss Wardour, vous avez beau me regarder, la chose est réelle ; c’est à moi qu’il a confié les motifs secrets de sa résidence à Fairport, et il n’y a pas d’efforts que je n’aie faits pour l’aider à atteindre le but qu’il s’était proposé. »

En écoutant cette déclaration magnanime du vieil Antiquaire, miss Wardour avait changé plusieurs fois de couleur, et pouvait à peine en croire ses oreilles ; car en affaires d’amour (et il était naturel qu’elle supposât que c’était là le sujet en question), de tous les confidens qu’on pût choisir, après Édie Ochiltree pourtant, Oldbuck lui semblait le plus étrange et le plus bizarre, et elle ne pouvait revenir de l’étonnement et du déplaisir que lui causait une combinaison de circonstances aussi singulières que celles qui met-