Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/223

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barns appelle le réfractoire (il voulait probablement dire réfectoire) ; il s’étend ensuite jusqu’à l’habitation de l’abbé. Il est probable qu’il s’en servait pour écouter ce que les moines disaient pendant le repas ; après quoi il pouvait revenir ici et s’assurer qu’ils étaient occupés à chanter les Psaumes. Puis, quand il était sûr que tout allait dans l’ordre, il pouvait descendre par ici, et faire entrer une jolie fille par le souterrain, car c’étaient de fameux gaillards que ces moines ! à moins qu’on n’en ait dit bien des mensonges. Mais depuis, ceux qui ont eu connaissance de ces lieux se sont donné bien de la peine pour murer ce passage en quelques endroits et l’abattre dans d’autres, de crainte que quelque importun ne s’y glissât et ne découvrit les tours qu’ils venaient y jouer. En vérité, c’eût été pour nous une mauvaise affaire ! Certes, quelques uns de nos cous s’en seraient ressentis. »

Ils arrivèrent ensuite à un endroit où la galerie s’élargissait et formait un petit cercle suffisant pour contenir un banc de pierre. Une niche, construite absolument en face, s’avançait en saillie dans l’église, et comme ses ornemens à jour, dont les côtés étaient couverts, formaient une espèce de treillage, on découvrait facilement de là tout ce qui se passait dans l’intérieur de la nef. Cet endroit, comme le disait Édie, avait vraisemblablement été imaginé comme une espèce de poste secret d’où le supérieur de l’ordre pouvait surveiller la conduite de ses moines, et s’assurer, par son inspection personnelle, qu’ils étaient exacts à remplir ces rites de dévotion auxquels son rang le dispensait de prendre part. Comme cette niche faisait partie d’une suite de niches semblables qui s’étendaient le long du mur de l’église, et n’en différait même d’aucune manière à l’extérieur, masquée comme elle l’était par la statue de saint Michel et du dragon, et les ornemens à jour qui l’entouraient, il était impossible d’en remarquer l’existence. La galerie secrète, reprenant sa première largeur, s’était étendue, dans l’origine, au delà de ce siège ; mais les précautions inquiètes des vagabonds qui avaient précédemment fréquenté la caverne de Saint-Ruth, leur avaient inspiré de la murer soigneusement à cet endroit avec des pierres de taille qu’ils avaient prises aux ruines.

« Nous serons mieux ici, dit Édie s’asseyant sur le banc de pierre, et étendant dessus le pan de sa robe bleue en faisant signe à Lovel de s’y asseoir. Nous serons mieux ici qu’en bas, l’air y est plus vif et plus léger, et l’odeur des giroflées et des autres plantes qui croissent sur ce mur ruiné est bien plus salutaire que les exha-