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gères et de la situation politique et militaire du pays, sujet sur lequel il n’y a pas d’homme qui ne se croie capable de donner son opinion. La conversation étant tombée sur une action qui avait eu lieu l’année précédente, Lovel, qui s’y était mêlé par hasard, vint à affirmer à ce sujet quelque circonstance de l’exactitude de laquelle le capitaine Mac Intyre ne parut pas entièrement convaincu, quoique ses doutes fussent poliment exprimés.

« Vous devez avouer que vous vous trompez dans ce cas, Hector, dit son oncle, quoique personne ne soit moins disposé que vous à faire un tel aveu, mais vous étiez en Angleterre à cette époque, et M. Lovel était probablement présent à cette affaire.

— Je parle donc à un militaire ? dit Mac Intyre ; puis-je demander à quel régiment monsieur Lovel appartient ? » Lovel lui donna le numéro de son régiment. « Il est singulier que nous ne nous soyons pas rencontrés auparavant, monsieur Lovel ; je connais parfaitement votre régiment, et j’ai servi avec lui à différentes reprises.

Une légère rougeur anima la figure de Lovel. « Je n’ai pas, depuis long-temps, suivi mon régiment, dit-il, j’ai servi dans la dernière campagne, sous les ordres du général***.

— En vérité, ceci devient encore plus étrange ; car, quoique je n’aie pas servi sous le général***, j’ai eu cependant l’occasion de connaître les officiers qui l’entouraient, et je ne puis me rappeler qu’il y en eût un du nom de Lovel. »

À cette observation, la rougeur de Lovel devint si vive qu’elle attira l’attention de toute la compagnie, tandis qu’un sourire dédaigneux indiquait dans Mac Intyre une espèce de triomphe. « Il y a quelque chose d’extraordinaire là dedans, dit Oldbuck en lui-même ; mais je ne puis me résoudre à juger si légèrement le phénix des compagnons de voyage ; ses actions, sa conduite et son langage appartiennent à un véritable gentilhomme. »

Lovel, pendant ce temps, avait tiré de son portefeuille une lettre dont il déchira l’enveloppe, et qu’il présenta à Mac Intyre. « Vous connaissez probablement la main du général ? peut-être ne devrais-je pas montrer ces expressions exagérées de l’estime et de l’intérêt qu’il me porte. » Cette lettre contenait des complimens très flatteurs de la part de cet officier, relativement à une occasion où notre jeune homme s’était distingué militairement. Mac Intyre, au premier coup d’œil qu’il y jeta, ne put nier qu’il reconnût l’écriture du général, mais il observa sèchement qu’il n’y avait pas