Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/202

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cret, ou intéressé à vous nuire, vous ferait perdre à jamais son amitié et tout espoir à la succession de ses biens.

— Ainsi soit-il ! répondit l’impatient jeune homme. J’appartiens à une profession dont le monde n’a jamais pu se passer, et dont il aura plus besoin que jamais d’ici à un demi-siècle ; et mon oncle peut, s’il lui plaît, Marie, vous donner son domaine et son nom plébéien en présent de noces ; et vous pouvez, s’il vous plaît à vous-même, épouser son favori, et vivre en paix avec lui, s’il plaît encore au ciel : quant à moi, mon parti est pris ; je n’irai pas mendier, par la flatterie, un héritage qui m’appartient par droit de naissance. »

Miss Mac Intyre posant la main sur le bras de son frère, le supplia de réprimer cette chaleur. « Qui vous fait du tort, dit-elle, ou cherche à vous en faire, si ce n’est votre propre impétuosité ? Vous vous irritez de dangers qui n’existent que dans votre imagination. Notre oncle, jusqu’à présent, n’a cessé de nous témoigner une bonté toute paternelle, et pourquoi supposez-vous qu’il se montre dans l’avenir si différent de ce qu’il a été pour nous depuis que nous sommes orphelins ?

— J’avoue que c’est un excellent homme, répondit Mac Intyre, et je suis furieux contre moi-même quand il m’arrive de l’offenser ; mais, vraiment, ses éternelles harangues sur la pointe d’une épingle, et qui ne valent pas l’étincelle d’une pierre à feu ; ses recherches sur de vieux pots et de vieilles marmites, me font perdre patience. J’ai quelque chose d’Hotspur, ma sœur, j’en conviens.

— Un peu trop, mon très cher frère. Hélas ! dans combien de dangers, dont la plupart, pardonnez-moi de vous le dire, n’avaient rien d’honorable, ce caractère violent et absolu vous a-t-il entraîné ! De grâce, que le temps que vous allez passer au milieu de nous ne soit pas troublé par des emportemens de ce genre ; que notre vieux bienfaiteur ait la satisfaction de voir son neveu tel qu’il est : franc, vif et généreux ; sans mélange de brusquerie, d’obstination et de violence.

— Eh bien ! dit le capitaine Mac Intyre, me voilà sermonné ; Dieu veuille que j’en profite. Et, pour commencer, je vais me montrer poli avec votre nouvel ami. Il faut que j’entre en conversation avec ce M. Lovel.

Dans cette résolution, qui était pour le moment très sincère, il rejoignit la compagnie, qui marchait en avant. La triple dissertation était enfin terminée, et sir Arthur parlait des nouvelles étran-