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CHAPITRE XIX.

UN RIVAL.


Il y a eu une altercation si dangereuse entre mon cousin le capitaine et ce militaire, je ne sais à propos de quoi ! C’était vraiment pour un rien. Il s’agissait de rivalités, de grades, et de distinctions militaires.
La douce Querelle.


Après avoir écouté attentivement le conte que l’on vient de lire, l’auditoire fit à son aimable auteur tous les complimens voulus par la politesse. Oldbuck seul pinça la lèvre, et remarqua qu’on pouvait comparer le talent de miss Wardour à celui des alchimistes, puisqu’elle avait trouvé le moyen d’extraire une saine et solide morale d’un conte frivole et ridicule. « J’entends dire, ajouta-t-il, qu’il est de mode d’admirer ces compositions extravagantes ; quant à moi,


« Je porte un cœur anglais, peu propre à l’épouvante
Que l’aspect d’un fantôme ou d’os brisés enfante. »


« Avec fotre permission, mon pon monsir Oltenpuck, miss Wardour a fait de cette histoire comme te tout ce qu’elle touche, quelque chose de fort choli, en férité : mais quant à l’apparition tu témon de Hartz et sa course au milieu tes montagnes désertes, avec un crand sabin au lieu de carme, et une cuirlande te feuilles autour te la tête et te la taille, tout cela est aussi vrai que je suis ein honnête homme.

— Il n’y a pas moyen de contester une chose dont la vérité est si bien garantie, » répondit l’Antiquaire sèchement. Mais en ce moment l’approche d’un étranger vint interrompre la conversation.

Le nouveau venu était un beau cavalier d’environ vingt-cinq ans, en uniforme d’officier, et dont l’air et le ton avaient une assurance militaire qui surpassait peut-être un peu l’aisance d’un homme bien élevé dont les manières ne doivent pas ordinairement laisser soupçonner la profession. La plus grande partie de la compagnie s’empressa de le complimenter. « Mon cher Hector ! » s’écria miss Mac Intyre, qui courut lui prendre la main.