Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/177

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cours, étaient situées les ruines, objet de leur curiosité. Elles n’étaient pas d’une grande étendue, mais la beauté singulière, autant que l’empreinte solitaire et sauvage des lieux qui les entouraient, leur donnait une importance et surtout un intérêt bien supérieur à celui que peuvent inspirer des débris d’architecture bien plus considérables, mais placés au milieu de maisons ordinaires et privés d’accessoires aussi romantiques. La fenêtre de l’église qui regardait l’aurore était restée entière avec tous ses ornemens, et cette partie de l’édifice était soutenue par de légers arcs-boutans, qui, détachés du mur contre lequel ils étaient placés, et ornés de sculptures et de crénelures élégantes, donnaient au bâtiment, par leur support, pour ainsi dire aérien, une légèreté pleine de grâce. Le toit et la partie occidentale de l’église étaient complètement ruinés. Cependant elle semblait avoir occupé un côté d’un carré dont les ruines du couvent formaient deux autres côtés, et le jardin un quatrième. Les bâtimens ruinés de ce couvent qui dominaient le ruisseau avaient été en partie fondés sur un roc escarpé ou rapide ; ce lieu avait plus d’une fois servi de poste militaire, et ce ne fut pas sans beaucoup de sang qu’il avait été pris pendant les guerres de Montrose. Le terrain qu’avait anciennement occupé le jardin était encore indiqué par quelques arbres fruitiers. Un peu plus loin du bâtiment étaient des chênes, des ormes et des châtaigniers détachés qui étaient parvenus à une grosseur remarquable. Le reste de l’espace qui séparait les ruines du revers de la montagne était couvert d’un gazon fin et court que la visite journalière des troupeaux entretenait en meilleur état que si la faux y eût passé. Toute cette scène respirait un calme majestueux et touchant sans être monotone. Le large et profond bassin où le lac reposait ses eaux bleues et limpides dans lesquelles se réfléchissaient les lis aquatiques qui croissaient sur le rivage ; les arbres qui çà et là étendaient des bords sur ce lac leurs branches vigoureuses, offraient un beau contraste avec l’impétuosité et le fracas du ruisseau qui s’élançait hors de l’ouverture comme s’il fût sorti de captivité, et se précipitait à travers le vallon, tournoyant autour de la base du roc sur lequel les ruines étaient situées, redoublant de tumulte et se couvrant d’écume à chaque pierre ou morceau de roc qui obstruait son passage. Le vert pâturage qui bordait les ruines, les grands arbres qui y étaient dispersés, offraient la même opposition avec les bords escarpés qui l’entouraient, et qui, couverts tantôt d’une végétation légère, tantôt d’une bruyère rougeâtre, présentaient quelquefois