Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/17

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rité, s’amusa, pour se distraire, à faire des conjectures sur les occupations et le caractère de l’individu qui venait d’arriver.

C’était un assez bel homme d’environ soixante ans, peut-être plus ; mais son teint animé et la fermeté de sa démarche indiquaient que les années n’avaient altéré ni sa force ni sa santé. Sa physionomie avait le vrai caractère écossais ; des traits fortement prononcés et peut-être un peu durs, un coup d’œil vif et pénétrant, et une gravité habituelle animée par une teinte d’humeur satirique ; ses habits étaient d’une couleur uniforme et convenable à son âge et à sa gravité ; sa perruque, bien poudrée et surmontée d’un chapeau rabattu, lui donnait l’air d’appartenir à quelque profession sérieuse ; ce pouvait être un ecclésiastique, cependant son aspect avait quelque chose de plus mondain que celui des membres de l’église d’Écosse, et sa première exclamation ne laissa bientôt plus de doute.

Il arriva d’un pas pressé, et jetant un regard alarmé d’abord sur le cadran de l’église, puis sur l’endroit où aurait dû se trouver la voiture, il s’écria : « Le diable s’en mêle, je suis arrivé trop tard ! »

Le jeune homme le tira de son inquiétude en lui apprenant que la voiture n’avait pas encore paru. Le vieux gentilhomme, sentant apparemment qu’il avait lui-même manqué d’exactitude, ne se crut pas d’abord le droit de se plaindre de celle du cocher. Il prit un paquet, qui paraissait contenir un volumineux in-folio, des mains d’un petit garçon qui l’avait suivi, et lui donnant un léger coup sur la joue, il lui commanda de s’en retourner, et de dire à M. B… que s’il avait cru avoir autant de temps à lui, ils n’auraient pas terminé si facilement leur marché ; puis il engagea l’enfant à être laborieux et exact, lui disant qu’il ferait son chemin tout aussi bien qu’aucun autre épousseteur de livres. Le petit garçon semblait attendre, peut-être dans l’espoir qu’il lui donnerait une pièce de deux sous pour acheter des billes ; mais il n’en fut rien. Le vieux monsieur appuya son petit paquet sur un des poteaux qui étaient en tête de l’escalier ; et, se plaçant en face du jeune voyageur, il attendit en silence pendant environ cinq minutes, l’arrivée de la diligence.

À la fin, après avoir jeté une fois ou deux un regard impatient sur la grande aiguille de l’horloge, l’avoir comparée avec une vieille et lourde montre d’or à répétition qu’il avait tirée dans ce but ; après s’être composé le visage pour donner une expression plus énergique à deux ou trois exclamations de colère, il appela la vieille marchande de la boutique souterraine.

« Bonne femme ! diable soit de son nom ! Mistriss Macleuchar ! »