Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/159

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pas. Ceci n’aurait pas été un sujet de querelle entre lui et son cavalier, qui avait été fort dérouté par la rapidité de ses premiers mouvemens et qui s’empressa de saisir le moment où il ralentissait son pas pour grignoter un morceau de pain d’épice que sa mère lui avait glissé dans la main, afin de disposer ce jeune employé de la poste à l’exécution de son devoir. Mais par degrés la maligne bête profita de ce relâchement de discipline pour se débarrasser de la bride, en la tirant peu à peu de la main de David, et se mit à brouter l’herbe sur le bord du chemin. Épouvanté par ces symptômes de rébellion obstinée, et étant aussi effrayé de rester assis que de descendre, le pauvre David éleva la voix en pleurant bien fort. Le cheval en entendant tout ce train par-dessus sa tête, commença apparemment à penser que le meilleur parti à prendre pour lui et son compagnon était de retourner d’où ils venaient ; en conséquence il fit un mouvemment rétrograde vers Fairport. Mais de même que toutes les retraites sont sujettes à finir par de complètes déroutes, ainsi le coursier, alarmé par les cris de l’enfant et par le battement des rênes qui étaient tombées sur ses jambes de devant, sentant aussi qu’il était dans la direction du logis, commença à partir avec une telle vélocité, qu’en supposant que David se fût maintenu en selle, chose qui paraît assez douteuse, il n’eût pas tardé à le déposer devant l’écurie du boucher, si un auxiliaire survenant fort à propos sous la forme du vieil Édie Ochiltree, ne se fût saisi des rênes et ne l’eût arrêté dans sa course en lui criant : « Qui es-tu, garçon ? et pourquoi galopes-tu ainsi ?

— Ce n’est pas ma faute, répondit l’exprès en sanglotant ; je suis le petit David.

— Et où allais-tu ?

— Je vais à Monkbarns porter une lettre.

— Mais, petit drôle, tu n’es pas sur la route de Monkbarns. »

David ne put répondre à cela que par des sanglots et des larmes. Le vieil Édie était très accessible à la compassion quand il s’agissait d’un enfant. Je n’allais pas par-là, pensa-t-il, mais ce qu’il y a de bon dans mon genre de vie, c’est que je ne suis jamais hors de mon chemin. On me donnera un gîte à Monkbarns aussi volontiers qu’ailleurs ; je vais donc m’y acheminer avec l’enfant, car s’il n’a personne pour guider son cheval, le pauvre petit se cassera la tête. « Ainsi vous dites donc que vous avez une lettre, mon garçon ? voulez-vous me la montrer ?

— Je ne dois montrer la lettre à personne, dit l’enfant toujours