Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/141

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nant nous ouvrons les yeux, et, comme John Bunyan[1], nous croyons que ce n’est qu’un rêve.

— Je suis surpris que vous, monsieur Oldbuck, vous ayez encouragé sir Arthur par votre exemple.

— Que voulez-vous ? dit Oldbuck en baissant ses larges sourcils gris et touffus, vous m’en voyez surpris et presque honteux moi-même ; assurément ce n’était pas l’avidité du gain, car, quoique homme rangé, personne n’attache moins de prix que moi à l’argent : mais je croyais pouvoir risquer cette petite somme. On s’attend dans le monde, quoique en vérité je n’en sache pas la raison, que je donnerai quelque chose à celui qui voudra bien me débarrasser de cette petite fille, Marie Mac Intyre, ma nièce. Peut-être croit-on aussi que je doive faire quelque chose pour l’avancement de son mauvais sujet de frère qui est dans l’armée ; et si j’avais pu tripler la somme que je risquais, cela m’aurait aidé dans ces deux circonstances. D’ailleurs, j’avais quelque idée que les Phéniciens avaient autrefois exploité une mine de cuivre dans ce même lieu. Cet adroit coquin de Dousterswivel, que le ciel le confonde ! a trouvé mon côté faible, et a su fabriquer de si étranges histoires de débris de flèches trouvés, et de vestiges de fouilles faites d’une manière toute différente des temps modernes, que… enfin j’ai fait une sottise ; voilà le fait. Ma perte ne vaut guère la peine qu’on en parle, mais les engagemens de sir Arthur sont, dit-on, très considérables, et j’en ai l’âme réellement navrée pour lui, et surtout pour l’intéressante jeune personne qui doit partager son malheur. »

Ici la conversation fut interrompue, et nous en reprendrons la suite dans le chapitre suivant.

  1. Auteur du Voyage du Pèlerin. a. m.