Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans de la flanelle. « Bonjour, monsieur Oldbuck, dit-il ; j’espère que vous vous êtes mieux tiré que moi de ce terrible temps d’hier soir.

— Mais aussi, sir Arthur, je n’y ai pas été autant exposé. Je me mis en terrâ firmâ[1], tandis que vous avez été livré à l’air humide et froid de la nuit de la manière la plus complète. Mais de telles aventures conviennent mieux à un brave chevalier comme vous qu’à un humble écuyer comme moi. S’élever dans les régions de l’air ! pénétrer dans les entrailles de la terre ! Mais à propos, quelles nouvelles de nos espérances souterraines de la terra incognita[2], de Withershins ?

— Encore rien de bon, dit le baron en se retournant brusquement comme s’il eût ressenti l’aiguillon d’une douleur de goutte. Mais Dousterswivel ne désespère pas.

— Il n’en désespère pas ? dit Oldbuck. Eh bien ! moi, sous son bon plaisir, j’en désespère ; savez-vous que le docteur H… m’a dit lorsque j’ai été à Édimbourg, que, d’après les échantillons que je lui montrais, nous ne trouverions jamais assez de cuivre pour une paire de boucles de six sous ; et je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de différence dans la qualité de ceux que j’ai vus sur la table en bas.

— Le savant docteur n’est pas infaillible peut-être.

— Non, mais c’est un de nos premiers chimistes, et j’ai une idée que votre philosophe, ce Dousterswivel, est un de ces habiles aventuriers dont Kircher dit : Artem habent sine arte, partent sine parte y quorum medium est mentiri, vita eorum mendicatum ire ; c’est-à-dire[3], miss Wardour…

— Il est inutile de traduire ces paroles, reprit miss Wardour, je comprends parfaitement ce que vous voulez dire ; mais j’espère que M. Dousterswivel ce montrera moins indigne de notre confiance.

— J’en doute fort, dit l’Antiquaire, et nous sommes en mauvais chemin s’il ne découvre enfin cet infernal filon qu’il nous prédit depuis deux ans.

— Vous n’avez qu’un fort petit intérêt dans cette affaire, M. Oldbuck, dit le baronnet.

— C’est déjà beaucoup trop, sir Arthur. Cependant, pour l’a-

  1. Terre ferme. a. m.
  2. Terre inconnue. a. m.
  3. Ils ont l’art sans art, une partie sans partie ; leur ressource est le mensonge ; leur sort est de mendier. a. m.