Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/58

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étaient seuls, et aux dépens duquel il pouvait plaisanter lorsqu’il avait compagnie.

Environ quatre ans après cette époque, il arriva une grande révolution dans le comté où est situé Ellangowan.

Ceux qui examinaient la disposition des esprits, pensaient depuis long-temps qu’un changement de ministère allait s’opérer. Après bien des espérances et des craintes, des délais, des bruits plus ou moins fondés, et même dénués de fondement ; après que plusieurs clubs eurent porté des toasts à l’élévation de tel homme d’état, et d’autres à sa chute ; après des courses à pied, à cheval, en poste ; après maintes adresses pour et contre, de protestations de sacrifier sa vie et sa fortune, le coup fut enfin frappé, l’administration du jour fut dissoute, et le parlement, comme c’est la conséquence naturelle, fut également dissous.

Sir Thomas Kittlecourt, comme les autres membres, prit la poste et revint dans son comté, où il ne reçut qu’une froide réception. Il était partisan de l’ancienne administration ; et les amis de la nouvelle s’étaient déjà occupés d’un canvass[1] en faveur de John Featheread, esquire, qui avait le meilleur équipage de chasse du pays tant en chiens qu’en chevaux. Parmi ceux qui se rangèrent sous l’étendard de la révolte, était Gilbert Glossin, clerc à … et agent du laird d’Ellangowan. Cet honnête homme avait été rebuté pour quelque faveur par le ci-devant membre du parlement, ou, ce qui est aussi probable, il avait obtenu tout ce qu’il pouvait lui demander, et il tournait ses regards d’un autre côté pour un nouvel avancement. M. Glossin avait un vote sur la terre d’Ellangowan, et il décida que son patron devait en avoir un aussi, n’ayant aucun doute sur le parti que M. Bertram embrasserait dans la lutte électorale. Il persuada facilement à Ellangowan qu’il serait honorable pour lui de se présenter dans la lice à la tête d’un parti aussi nombreux que possible, et il se mit immédiatement à l’ouvrage, faisant des votes de la manière connue de chaque légiste, en morcelant et subdivisant les supériorités[2] sur cette ancienne et puissante baronnie. Ainsi, à force de couper et de rogner ici, d’ajouter et d’agrandir là, et de créer des over lords sur tout le domaine que Bertram tenait de la couronne, ils s’avancèrent, le jour des élections, à la tête de dix hommes dont les parchemins étaient aussi bons qu’aucun de ceux qui aient jamais prêté de serment de fidélité et de possession. Ce valeureux renfort décida du sort de la bataille qui

  1. Brigue électorale. a. m.
  2. Ce sont des propriétés fictives. a. m.