Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/417

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les moyens que vous avez pour la combattre, si toutefois vous en avez ; mais… — Monsieur Pleydell, je suis toujours disposé à jouer cartes sur table, et je me flatte de vous expliquer cette affaire en deux mots. Ce jeune homme, qui n’est autre qu’un fils naturel du feu laird d’Ellangowan, parcourt ce pays depuis quelques semaines sous différents noms, cabalant avec une misérable folle qui, m’a-t-on dit, vient d’être tuée, avec des contrebandiers, des Égyptiens, et autres gens de cette espèce, ainsi qu’une grande brute de fermier du Liddesdale ; excitant les fermiers contre leurs propriétaires ; et qui, comme sir Robert Hazlewood d’Hazlewood le sait… — Pardon de vous interrompre, monsieur Glossin, dit Pleydell ; vous disiez que ce jeune homme… — Je dis, et je crois qu’il est à la connaissance de monsieur (en se tournant vers Hatteraick) que c’est un fils naturel du dernier Ellangowan et d’une fille appelée Jeannette Lightoheel, laquelle a fini par épouser un nommé Hewit, charpentier, qui demeurait dans le voisinage d’Annan. Il s’appelle Godefroi Bertram Hewit, et c’est sous ce nom qu’il est entré dans l’équipage de la Royale Caroline, yacht de la douane. — Voici, dit Pleydell, une histoire assez vraisemblable… Mais, sans parler de certaines différences quant à la couleur des yeux, ayez la bonté d’écouter ceci, monsieur… » Un jeune marin fut introduit. « Voici, continua Pleydell, le véritable Simon Pure… voici Godefroi Bertram Hewit, arrivé hier soir d’Antiqua, par Liverpool ; il est lieutenant de vaisseau au service de la compagnie des Indes, et en bon train de faire son chemin dans le monde, quoiqu’il y soit entré un peu irrégulièrement. »

Pendant que les autres juges de paix échangeaient quelques paroles avec ce jeune homme, Pleydell prit sur la table le vieux portefeuille d’Hatteraick. Un regard inquiet échappé au prévenu fit penser au pénétrant magistrat que ce portefeuille contenait quelque document intéressant ; il le remit sur la table, parut examiner quelques papiers, et s’aperçut aussitôt que l’inquiétude du prisonnier était calmée : « Il y a nécessairement, se dit-il en lui-même, quelque chose d’important dans ce portefeuille. « Il le reprit, l’ouvrit, le retourna en tous sens ; si bien, enfin, qu’il découvrit un petit secret… C’était une ouverture pratiquée entre le carton et la peau… Il en tira trois papiers. Se retournant alors vers Glossin, il le pria de lui dire s’il avait assisté à la recherche qui avait été faite le jour du meurtre de Kennedy et de la disparition du jeune Ellangowan.