Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/404

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tracer. Ainsi garrotté, le brigand fit encore un ou deux efforts convulsifs et désespérés, puis il resta immobile et en silence.

« Le voilà pris comme un renard ; je l’aime mieux comme cela, » dit l’honnête Dinmont, tout en secouant les flammèches de chanvre qui s’étaient attachées à sa grosse redingote et à ses cheveux, dont plus d’une mèche avait été brûlée dans la lutte.

« Il est tranquille maintenant, dit Bertram ; restez auprès de lui, et ne lui permettez pas de faire un mouvement, pendant que je vais m’assurer si cette pauvre femme est morte ou vivante. » Avec l’aide d’Hazlewood, il releva Meg Merrilies.

« Je savais que cela finirait ainsi, murmura-t-elle, et c’est ainsi que cela devait finir. »

La balle avait pénétré dans la poitrine au-dessous du gosier ; peu de sang sortait de la plaie ; mais Bertram, accoutumé à voir les blessures faites par les armes à feu, ne l’en jugea que plus dangereuse.

« Bon Dieu ! que pourrons-nous faire pour cette pauvre femme ? » dit Hazlewood, qui ne pensait pas, dans une telle circonstance, à offrir ou à demander des explications à Bertram. « Mon cheval, continua-t-il, est attaché dans le bois ; je vous ai suivis pendant deux heures… Je vais le prendre et aller chercher du secours. Vous défendrez l’entrée de la caverne contre ceux qui voudraient y pénétrer, jusqu’à ce que je sois revenu. »

Bertram, après avoir pansé la blessure de Meg Merrilies du mieux qu’il lui fut possible, se mit en faction à l’entrée de la caverne, un pistolet à la main, prêt à faire feu. Dinmont continua de veiller sur le captif, tenant sur sa poitrine une main forte comme celle d’Hercule. Un profond silence régnait dans la caverne, interrompu seulement par les gémissements sourds et étouffés de la malheureuse Meg, et par la respiration pénible du prisonnier.