Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/401

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Hatteraick y jetait une poignée de broussailles et de copeaux ; mais la flamme qu’ils produisaient ne suffisait pas pour éclairer toutes les parties de cette vaste enceinte. Assis au fond de la caverne, le contrebandier ne pouvait distinguer ceux qui se tenant à l’entrée, étaient de plus masqués par les broussailles interposées entre eux et lui. Dinmont avait eu la présence d’esprit de retenir d’une main Hazlewood, jusqu’à ce qu’il eût dit à voix basse à Bertram : « Un ami, le jeune Hazlewood. »

Ce n’était pas le moment de faire connaissance : ils demeurèrent donc immobiles, comme les rochers qui les entouraient, et cachés derrière le tas de ramilles qui avait probablement été placé là pour intercepter le vent de mer sans fermer entièrement le passage à l’air. À travers les interstices que laissaient naturellement ces branches d’arbres, il leur était facile, à la lueur du brasier, de voir ce qui se passait au fond de la caverne ; tandis que la position qu’ils occupaient dans l’ombre leur ôtait toute crainte d’être aperçus.

Cette scène, indépendamment de son intérêt moral, et du danger que couraient ceux qui y prenaient part, offrait un coup d’œil tout-à-fait singulier, par la succession, par le mélange de l’ombre et de la lumière. La caverne n’était éclairée que par cette lueur rougeâtre que répand le charbon de bois en combustion, mais de temps en temps elle faisait place à l’éclat passager d’une flamme plus ou moins vive, suivant que les matières qu’Hatteraick jetait sur le brasier étaient plus ou moins sèches. Une vapeur noire et étouffante s’élevait alors vers la voûte de la caverne, puis il s’en échappait, subitement et comme avec peine, une flamme qui, après avoir erré autour de la colonne de fumée, devenait soudain plus éclatante et plus vive quand quelques rameaux plus secs, ou quelque morceau de sapin résineux, convertissaient la vapeur en flamme. C’était à cette clarté, bien convenable pour une telle scène, qu’ils voyaient plus ou moins distinctement Hatteraick, dont les traits rudes et sauvages, rendus plus féroces encore par les circonstances dans lesquelles il se trouvait, et les sombres réflexions qui occupaient son esprit, étaient en harmonie avec les rochers inégaux et raboteux qui formaient sur sa tête une voûte irrégulière. Meg Merrilies, allant et venant autour de lui, tantôt exposée à la clarté, tantôt disparaissant au milieu de la fumée ou dans l’obscurité, formait un contraste frappant avec Hatteraick qui se tenait constamment immobile et penché sur le feu, tandis que sa compagne,