Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/387

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et il aurait travaillé d’après mes avis. Enfin, nous tâcherons de nous passer de lui. Il faut que nous rendions notre ami M. Bertram suî juris[1]. Il n’est pour le moment qu’un prisonnier échappé ; il est sous le coup de la loi : il faut le replacer rectus in curia[2]. C’est là le principal objet. À cet effet, colonel, Je me rendrai avec vous dans votre voiture à Hazlewood-House. La distance n’est pas grande. Nous offrirons notre caution, et j’espère que je convaincrai monsieur… je lui demande bien pardon…, sir Robert Hazlewood de l’impossibilité de la refuser. — De tout mon cœur, » dit le colonel. Il sonna, et donna l’ordre de préparer sa voiture. « Que ferons-nous ensuite ? — Nous irons trouver Mac-Morlan, et nous tâcherons de recueillir de nouvelles preuves. — De nouvelles preuves ! La chose est claire comme le jour. M. Sampson, miss Bertram, vous-même reconnaissez unanimement le jeune homme comme le portrait vivant de son père ; et lui-même se rappelle en détail toutes les circonstances antérieures à l’époque où il quitta ce pays. Que peut-on demander de plus pour la conviction ? — Pour la conviction morale, rien peut-être ; mais la preuve légale est plus difficile à établir. Les souvenirs de M. Bertram ne sont que des souvenirs à lui ; ils ne peuvent donc être invoqués en sa faveur. Miss Bertram, le docte Sampson, et moi-même, nous ne pourrons attester que ce qu’attestera quiconque a vu le vieux Ellangowan, c’est-à-dire la ressemblance que ce jeune homme a avec lui ; mais tout cela n’établira pas sa qualité de fils de Godefroi Bertram, non plus que ses droits au domaine d’Ellangowan. — Et que faudra-t-il donc ? — Des preuves incontestables. Nous avons ces Bohémiens ; mais, par malheur, ils sont infâmes aux yeux de la loi, à peine capables de porter témoignage ; celui de Meg Merrilies aurait encore moins de poids que les autres, à cause de l’impudence avec laquelle elle a nié avoir aucune connaissance de ce qui s’est passé dans les interrogatoires qu’elle a subis. — Que nous reste-t-il donc à faire ? — Nous verrons s’il est possible de recueillir des preuves en Hollande, auprès des personnes chez qui notre ami a été élevé. Mais la crainte d’être compromises par suite du meurtre du douanier, les empêchera peut-être de parler ; et d’ailleurs, comme étrangers, comme contrebandiers, quelle valeur pourrait avoir leur témoignage ? En un mot, je vois des difficultés. — Avec votre permission, très docte et honorable monsieur, dit Dominie, j’espère que celui qui a rendu Henri Bertram à ses amis ne laissera pas son ouvrage imparfait. — Je l’espère comme vous,

  1. Maître de sa personne. a. m.
  2. À l’abri des recherches de la justice. a. m.