Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/325

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trente schellings par semaine pour la chambre, une guinée pour les meubles ; une demi-guinée par semaine pour un lit. Encore ce n’est pas tout gain pour moi, car là-dessus il faudra que je donne une demi-couronne à Donald Laider, qui est ici pour avoir volé des moutons, et qui, suivant la règle, devrait coucher avec vous. Il va me demander de la paille fraîche et peut-être une goutte de whisky ; mais n’importe. — Bien, monsieur, continuez. — Pour la nourriture et la boisson, vous aurez tout ce qu’il y a de meilleur. Je ne demande jamais plus de vingt pour cent en sus du prix de l’auberge, et c’est bien peu pour toutes les allées et venues, pour toutes les peines du garçon. Et puis, si vous êtes triste, je viendrai passer une heure de la soirée avec vous, et vous aider à boire votre bouteille. J’en ai bu plus d’une avec Glossin, l’ami, quoiqu’il soit à présent juge de paix. Et puis je dois vous prévenir que si vous désirez du feu, car les nuits sont fraîches, ou bien de la lumière, c’est un article fort cher, parce que c’est contre le règlement. Voilà à peu près tout ; je ne vois rien à ajouter, quoiqu’il y ait toujours, par-ci par-là, quelques dépenses extraordinaires. — C’est bien, monsieur ; je m’en remets à votre conscience, supposé que ce mot ait un sens pour vous ; je ne puis, d’ailleurs, faire autrement. — Non, non, monsieur, répondit l’adroit geôlier, je ne souffrirai pas que vous parliez ainsi ; je ne vous force nullement : si le prix ne vous convient pas, laissez la marchandise. Non, je ne force personne ; tout ce que je vous en ai dit, c’était par pure civilité. Mais si vous aimez mieux la vie ordinaire de la maison, cela m’est égal ; j’aurai moins de peine, et voilà tout. — Non, mon ami ; comme vous pouvez, je crois, le supposer aisément, je n’ai nulle envie de disputer avec vous pour de telles misères. Allons, menez-moi dans ma chambre, car je désire rester seul quelques instants — Oui, oui, venez, capitaine, dit le geôlier qui, en cherchant à sourire, ne fit qu’une affreuse grimace ; venez, et pour vous montrer si j’ai une conscience, comme vous dites, que le diable m’emporte si je vous prends plus de six sous par jour pour vous laisser descendre dans la cour ! Vous pourrez vous y promener trois bonnes heures et y jouer à l’aise. »

Après cette gracieuse promesse, il introduisit Bertram dans la maison et lui montra un escalier de pierre, rapide et étroit, au haut duquel était une grosse porte doublée en fer et garnie de clous rouillés. Cette porte ouvrait sur un petit corridor de chaque côté duquel étaient trois cellules voûtées avec des lits de fer et des matelas de paille. Mais à l’extrémité se trouvait un petit apparte-