Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/319

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dit Glossin commençant à craindre que l’assurance de Bertram ne fît quelque impression sur sir Robert, qui serait mort de honte s’il avait cru faire le solécisme d’envoyer un capitaine de cavalerie en prison ; « tout cela est fort bien ; mais, sans aller si loin, n’y a-t-il pas d’autres personnes dont vous puissiez invoquer le témoignage ?

— Il n’y a que deux personnes dans ce pays qui me connaissent un peu : l’une est un gros fermier du Liddesdale, appelé Dinmont de Charlies-Hope ; mais il ne sait sur mon compte que ce que je lui ai dit et ce que je viens de vous dire. — Eh bien ! cela suffit-il ? sir Robert, dit Glossin. J’imagine que monsieur va nous amener son rustre pour lui faire attester par serment sa crédulité ! Ha ! ha ! ha ! — Et quel est votre autre témoin, l’ami ? dit le baronnet. — Un gentilhomme dont j’ai quelque répugnance à parler, pour certaines raisons particulières, mais sous les ordres duquel j’ai servi quelque temps dans les Indes, et qui est trop homme d’honneur pour me refuser son témoignage si je me réclamais de lui comme militaire et comme galant homme. — Et quel est cet illustre témoin, monsieur ? dit sir Robert ; quelque payeur de demi-solde, quelque sergent, je suppose ? — Le colonel Guy Mannering, ex-colonel du régiment dans lequel, comme je vous l’ai déjà dit, j’ai une compagnie. — Le colonel Guy Mannering ! pensa Glossin ; qui diable s’en serait douté ?

— Le colonel Guy Mannering ! répéta le baronnet fortement ébranlé dans son opinion. Mon cher monsieur, dit-il en se tournant vers Glossin, ce jeune homme, avec un nom terriblement plébéien, a pourtant une assurance modeste ; il a quelque chose du ton, des manières, des sentiments d’un honnête homme, d’un homme qui, du moins, a vécu dans la bonne société. Dans l’Inde, on donne les commissions au hasard, à la légère, à la diable ; je crois que nous ferions mieux d’attendre le retour du colonel Mannering ; il est maintenant, je pense, à Édimbourg. — Sir Robert, répondit Glossin, vous pouvez bien mieux que moi juger ce qu’il est convenable de faire. J’oserai cependant vous représenter que je doute que nous ayons le droit de relâcher cet homme sur une assertion qu’il ne peut appuyer d’aucune preuve, et que nous nous exposerions à une grande responsabilité en le retenant ailleurs que dans la prison publique. Je m’en remets à votre décision. Seulement je dois vous dire que moi-même, il y a peu de jours, j’ai été fortement blâmé pour avoir retenu un malfaiteur dans un endroit que je croyais parfaitement sûr, sous la garde de plusieurs de nos officiers ; mon homme s’échappa, et je ne doute nullement que ma réputation de