Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/253

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tenir la campagne. J’ai remarqué que vous ne dépassez jamais les limites de votre domaine ; j’espère, mon cher monsieur, que vous ne vous ferez pas faute de poursuivre votre gibier sur les terres d’Ellangowan. Je crois que les coqs de bruyère y sont en plus grand nombre, quoiqu’il y en ait beaucoup aussi sur les vôtres. »

Glossin n’obtint encore qu’une salutation froide et réservée ; il essayait de renouer la conversation, lorsque l’arrivée de Mannering le tira d’embarras.

« Je crains de vous avoir retenu trop long-temps, monsieur, dit-il à Glossin ; je désirais que miss Bertram consentît à vous recevoir, parce que, dans mon opinion, sa répugnance doit céder à la nécessité de s’instruire des choses dont vous avez à l’informer dans ses intérêts ; mais des circonstances récentes et qu’il n’est pas facile d’oublier, lui rendraient tellement pénible une entrevue avec monsieur Glossin, que j’ai cru devoir ne pas insister davantage. Je recevrai pour elle vos ordres, vos propositions, toutes les communications enfin que vous pouvez avoir à lui faire. — Je suis désolé, monsieur, tout-à-fait désolé, colonel, que miss Bertram puisse supposer… que des préventions… qu’elle ait l’idée, enfin, qu’aucune chose de ma part… — Lorsqu’il n’y a pas d’accusation, monsieur, la défense est au moins inutile. Vous est-il permis de me communiquer, en ma qualité de tuteur provisoire de miss Bertram, l’affaire que vous croyez de nature à l’intéresser ? — Bien certainement, colonel Mannering ; elle ne pouvait choisir un ami plus respectable, personne avec qui il me soit plus agréable de conférer. — Ayez donc la bonté de m’expliquer ce dont il s’agit, monsieur, s’il vous plaît. — Cela n’est pas si court que vous semblez l’imaginer, monsieur ; mais M. Hazlewood n’a pas besoin de sortir ; je veux tant de bien à miss Bertram, que je souhaiterais que l’univers entier entendît ce que j’ai à dire. — Mon ami M. Charles Hazlewood est sans doute peu curieux d’entendre ce qui ne le concerne point. Maintenant que nous sommes seuls, je me permets de vous prier d’être précis et clair dans vos communications. Je ne suis qu’un soldat, monsieur ; partant, peu habitué aux lenteurs de la procédure. » Et prenant une chaise, il attendit la réponse de Glossin.

« Ayez la bonté de lire cette lettre : c’est le moyen le plus court de vous mettre au courant de cette affaire. »

Après l’avoir lue, et inscrit sur son agenda l’adresse de M. Protocole, Mannering remit la lettre à Glossin en lui disant : « Ceci, monsieur, ne semble pas demander beaucoup d’explications. Je