Le lendemain dimanche, le colonel Mannering se rendit en grande tenue à l’église paroissiale ; personne de la famille d’Ellangowan n’y était. On apprit que l’état du vieux laird empirait. Jack Jabos, qu’on avait encore envoyé pour le chercher, revint sans avoir pu accomplir sa mission. Miss Bertram espérait que son père pourrait être transporté le lendemain.
CHAPITRE XIII.
MORT DU LAIRD ELLANGOWAN.
Le jour suivant, de bonne heure, Mannering monta à cheval, et, accompagné de son domestique, prit la route d’Ellangowan ; il n’eut pas besoin de demander le chemin. Une vente à la campagne est un lieu public de rencontre et d’amusement, et les gens de toutes les classes s’y rendaient de divers côtés.
Après environ une heure de marche dans un paysage pittoresque, les vieilles tours du château ruiné se présentèrent aux yeux du colonel : les pensées avec lesquelles il s’en était éloigné tant d’années auparavant revinrent frapper l’esprit de notre voyageur. Le paysage était le même ; mais combien étaient changés les sentiments, les espérances et les projets de celui qui le revoyait ! Alors l’amour et la vie étaient nouveaux pour lui, et l’avenir était doré de leurs rayons ; maintenant, trompé dans ses affections, rassasié de ce que le monde appelle gloire et honneurs, l’esprit bourrelé d’un souvenir amer et de remords, son plus doux espoir était de trouver une retraite où il pût nourrir la mélancolie qui devait l’accompagner jusqu’au tombeau. « Et cependant, se dit-il, quel insensé oserait ici se plaindre de l’instabilité de ses espérances et de la vanité de ses projets ? Les anciens chefs qui ont élevé ces tours énormes et massives pour être la forteresse de leur race et le siège de leur pouvoir, avaient-ils songé qu’un jour viendrait où le dernier de leurs descendants serait chassé comme un vagabond de ses domaines ? Mais les biens de la