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tement son oncle venait de regarder avec attendrissement et même quelque sentiment d’envie les enfants joufflus du fermier robuste dont il faisait bâtir la maison. À la vue de ce petit ange à visage rond et vermeil qui avait un air de famille, portait même son nom, et réclamait des droits héréditaires à sa parenté, à son affection et à son patronage, par un lien que sir Éverard regardait comme aussi sacré que la jarretière ou le manteau bleu, il lui sembla que la Providence lui accordait ce qui pouvait le mieux remplir le vide de ses espérances et de ses affections. Sir Éverard retourna au château de Waverley sur un cheval de selle qui l’accompagnait, et l’enfant et la bonne furent reconduits dans la voiture à Brere-wood-Lodge, porteurs d’un message qui ouvrait à Richard Waverley une voie pour se réconcilier avec son frère aîné. Toutefois leurs relations, quoique ainsi renouvelées, continuèrent plutôt sur le pied d’une politesse cérémonieuse que d’une cordialité fraternelle ; mais cela leur suffisait ; Sir Éverard, en voyant souvent son petit neveu, aimait à bercer son orgueil héréditaire de l’espoir qu’il perpétuerait son noble lignage, et trouvait ainsi l’occasion de satisfaire pleinement son besoin d’affections douces et bienveillantes. Quant à Richard Waverley, il voyait dans l’attachement croissant de l’oncle et du neveu les moyens d’assurer à son fils, sinon à lui, l’héritage du domaine de famille, qu’il eût couru risque de voir aliéné, s’il eût cherché à vivre dans une plus grande intimité avec un homme du caractère et des opinions de sir Éverard.

Ainsi, par une sorte de compromis tacite, le petit Édouard avait la permission de passer une grande partie de l’année au château, également bien avec son père et son oncle, qui se contentaient de s’adresser quelques lettres cérémonieuses et de se faire des visites plus cérémonieuses encore. L’éducation de l’enfant était soumise tour à tour à la manière de voir de l’un ou de l’autre ; mais ce sera l’objet du prochain chapitre.


CHAPITRE III.

ÉDUCATION.


L’éducation de notre héros, Édouard Waverley, éprouva beaucoup de variations. Dans son enfance sa santé souffrait de l’air de Londres ou paraissait en souffrir (ce qui est la même chose). C’est pourquoi, dès que son père était appelé à Londres, où ses fonc-