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au parti anglican et à la maison des Stuarts, léguée à sir Éverard par ses ancêtres. C’est pourquoi, dès le début de sa carrière, il fit son abjuration politique en devenant whig déterminé et partisan de la maison de Hanovre.

Le ministère de George Ier s’attachait alors prudemment à opérer des défections dans les rangs de l’opposition. La noblesse tory, qui devait son éclat au soleil de la cour, se rapprochait peu à peu de la nouvelle dynastie ; mais les riches gentilshommes des provinces d’Angleterre, classe qui conservait encore quelque chose des anciennes mœurs, de l’intégrité primitive, et des vieux préjugés d’intolérance, se tenait à l’écart dans une opposition hautaine et obstinée, et jetait encore un regard de regret et d’espérance sur Bois-le-Duc, Avignon et l’Italie[1].

L’avancement d’un parent de ces opposants opiniâtres et inflexibles fut regardé comme un moyen de les amener à d’autres sentiments ; en conséquence Richard Waverley fut accueilli par la faveur ministérielle bien autrement que ne le méritaient ses talents et son importance politique. Toutefois on remarqua en lui une certaine capacité pour les affaires publiques, et une fois admis au lever du ministre, il fit un chemin rapide.

Sir Éverard apprit d’abord par la gazette publique, New-Letter que Richard Waverley, esquire, était envoyé à la chambre des communes par le bourg ministériel de Barter-faith ; ensuite, que Richard Waverley, esquire, avait pris une grande part dans les débats sur le bill d’excisé, en faveur du gouvernement ; et enfin que Richard Waverley, esquire, venait d’être appelé à l’une de ces fonctions où de hauts appointements se combinent d’autant mieux avec le plaisir de servir son pays, que pour les rendre encore plus agréables, ils sont régulièrement payés par trimestre. Quoique à la rapidité dont ces événements se succédèrent, un éditeur de nos journaux modernes eût facilement présagé les deux derniers en annonçant le premier, ils ne parvinrent que graduellement à la connaissance de sir Éverard, et comme distillés goutte à goutte par le froid et lent alambic de la Lettre hebdomadaire de Dyer[2] ; car nous ferons observer en passant qu’alors on n’avait pas encore ces malles-postes au moyen desquelles l’ou-

  1. Où le chevalier de Saint-George, ou, comme on l’appelait, le Vieux Prétendant, tint sa cour exilée, suivant les circonstances qui l’obligeaient à changer de résidence. a. m.
  2. Journal qui, observe Walter Scott, fut longtemps l’oracle des gentlemen de province tenant pour le haut royaume. L’ancien New-Letter était écrit à la main, et transcrit par des copistes qui adressaient les exemplaires aux souscripteurs. Son rédacteur adressait ses matériaux politiques dans les cafés et demandaient souvent une rétribution additionnelle pour les dépenses extraordinaires qu’il avait été obligé de faire en fréquentant ces lieux. a. m.