Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/57

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On ne voyait plus un garçon
Qui, ce jour-là, dans la paroisse
Voulût, oubliant son angoisse,
Tenir sa charrue au sillon ;
Mais chacun amenait sa belle
À la fête sur un grison,
Et répétait sa ritournelle :
Je vais à Tewin, en luron,
Boire en égayant ma prunelle.

On admirait le sommelier
Prompt à verser sa bière en perce ;
Les fillettes, l’air familier,
En accourant à la traverse,
Faisaient pleuvoir comme une averse
De joie inondant le foyer.
Des serviteurs j’obtins un verre,
Et promptement je devins gris ;
Alors, ma foi, je le rendis,
Ne voulant pas rouler par terre.

Du village le forgeron
But telle abondance de bière,
Qu’il se figurait que la terre
Était bleue à son horizon.
Je pourrais bien sur l’Évangile
Jurer que dans tout le canton
Il n’en est pas de plus habile.
Et nul de vous ne dira non.
On fit du posset[1], et les femmes
En burent, puis chantant leurs gammes.
Dirent avoir assez goûté
Au banquet la félicité ;
En ce jour-là plus d’une fille
Reçut sur la bouche un baiser ;
Mais je n’irai pas m’exposer
À trop remuer cette anguille.
Car on pourrait bien m’accuser
De parler ici comme un drille.


Nos aimables lectrices regretteront surtout de notre manuscrit la perte de trois déclarations d’amour : la première, de Saint-Clerc à Matilde, renfermait, y compris la réponse de la dame, quinze pages étroitement serrées. Celle de Fitzosborne à Emma n’était pas beaucoup plus courte ; mais les amours de Fitzallen et Éléonore étant d’une nature moins romanesque, avaient été renfermées dans trois pages seulement. Les trois nobles couples se marièrent à Queen-Hoo-Hall le même jour, qui se trouvait le douzième dimanche après Pâques. On avait fait un récit étendu des fêtes du mariage ; mais nous n’avons pu lire de ce récit que les noms de quelques plats, tels que le pétrel, la grue, l’esturgeon, le cygne,

  1. Breuvage composé de vin sec, de crème, de muscades, d’œufs bien battus, et de sucre. a. m.