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présents ; mais la santé de lady Émilie, quand il fallut se mettre en route, ne fut pas jugée en état de supporter le voyage. En dédommagement, il fut convenu que Waverley et sa nouvelle épouse, qui, avec le baron, se proposaient de faire sur-le-champ une visite à Waverley-Honour, s’arrêteraient, dans leur voyage, pendant quelques jours à une propriété que le colonel Talbot s’était décidé à acheter en Écosse, à cause du bon marché, et où il se proposait de résider quelque temps.


CHAPITRE LXXI.


Ce n’est pas là ma maison : ma maison n’était pas si belle.
Vieille Chanson.


Les nouveaux mariés voyageaient dans le grand style. Il y avait un équipage à six chevaux, dans le goût le plus moderne, dont sir Éverard avait fait cadeau à son neveu, et qui éblouit, par sa splendeur, les yeux de la moitié des Écossais ; il y avait aussi le carrosse de M. Rubrick, et les deux voitures étaient remplies de dames ; les messieurs et leurs domestiques à cheval étaient au nombre d’une centaine environ. Cependant, sans redouter la famine, le bailli Mac Wheeble se présenta sur le passage du cortège, et demanda qu’on lui fit l’honneur de passer par la maison du petit Veolan. Le baron fut confondu, et répondit que son gendre et lui passeraient assurément par le petit Veolan, mais qu’ils n’emmèneraient pas avec eux tout le comitatus nuptialis, ou cortège matrimonial ; il ajouta qu’ayant entendu dire que la baronnie avait été vendue par son indigne parent, il se réjouissait de ce que son ancien ami Duncan était resté dans sa place sous le nouveau dominus ou propriétaire. Le bailli salua, s’inclina, s’agita, et renouvela son invitation, jusqu’à ce que le baron, quoique piqué de son obstination, ne pût s’empêcher de se rendre, de peur de laisser deviner les motifs de sa répugnance, ce qu’il voulait surtout éviter.

Lorsqu’on arriva à l’extrémité de l’avenue, il tomba dans une profonde mélancolie, dont il ne sortit que pour faire observer que les bâtiments avaient été réparés, les décombres enlevés, et (ce qui était le plus merveilleux) que les deux grands ours en pierre, ces idoles mutilées, objets de sa vénération, étaient remontés sur leur piédestal, de chaque côté de la porte d’entrée : « Ce nouveau propriétaire, dit-il à Édouard, a montré plus de gusto, comme disent les Italiens, depuis le peu de temps qu’il possède ce domaine, que