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qu’Alick, qui, en partisan zélé de la vérité, avait tenté plusieurs fois inutilement de leur raconter comment la chose s’était passée, reçut enfin l’ordre de ne plus prononcer un seul mot sur ce sujet. Il se dédommagea amplement par des récits de batailles terribles, d’exécutions épouvantables, des histoires de loups-garous et de revenants qui faisaient tressaillir de peur tous les domestiques du château.

Quoique tous ces événements puissent être brièvement rapportés dans une narration, comme un journal rend compte en quelques mots d’un long procès devant le chancelier, il arriva cependant que, malgré toute la diligence de Waverley, et grâce à la lenteur des procédures judiciaires et à la manière dont on voyageait à cette époque, plus de deux mois se passèrent avant qu’Édouard, après avoir quitté l’Angleterre, arrivât à la demeure du laird de Dunchran, pour réclamer la main de sa fiancée.

La célébration du mariage fut fixée à six jours de là. Le baron de Bradwardine, pour qui les mariages, les baptêmes et les enterrements étaient des solennités de la plus haute importance, fut un peu mortifié de ce que, en comptant la famille de Dunchran et tous les voisins à qui leur rang donnait le droit d’être présents à cette cérémonie, on ne pût réunir plus de trente personnes. « Quand il s’était marié, observa-t-il, trois cents gentilshommes de naissance à cheval, sans compter leurs domestiques, et cent ou deux cents lairds highlandais, qui ne vont jamais à cheval, étaient présents à la cérémonie. »

Mais son orgueil se consola en faisant réflexion que lui et son futur gendre ayant eu, il y avait si peu de temps, les armes à la main contre le gouvernement, ce serait un juste sujet de crainte et de mécontentement pour l’autorité établie, s’ils réunissaient les parents, alliés et amis de leurs maisons dans l’attirail militaire, comme c’était l’usage en Écosse dans de telles occasions. « Et sans doute, ajouta-t-il en soupirant, beaucoup de ceux qui se seraient le plus sincèrement réjouis de cet heureux mariage, sont, ou dans un monde meilleur, ou exilés de leur pays natal. »

Le mariage eut lieu au jour fixé. M. Rubrick, cousin du propriétaire de la maison hospitalière où il se célébrait, et chapelain du baron de Bradwardine, eut la satisfaction de bénir les jeunes époux ; Frank Stanley remplissait les fonctions de garçon de noces, ayant rejoint Waverley dans cette intention aussitôt après son arrivée. Lady Émilie et le colonel Talbot avaient promis d’être