Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/490

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« Et certainement, » dit Maccombich en se soulevant de terre, où, de peur d’interrompre la conversation, il était resté couché, si bien que, grâce à l’obscurité de l’appartement, Édouard ne s’était pas aperçu de sa présence ; « certainement Evan ne souhaita et ne mérita jamais une meilleure fin que de mourir avec son chef. »

« Et, dit Fergus, puisque nous parlons des affaires du clan, que pensez-vous de la prédiction du Bodach Glas ? » Avant qu’Édouard pût lui répondre, il ajouta : « Je l’ai revu cette nuit, à la clarté d’un rayon de la lune qui tombait sur mon lit par cette haute et étroite fenêtre. Pourquoi en aurais-je peur ? me suis-je dit : demain, long-temps avant l’heure qu’il est maintenant, je serai immortel comme lui. « Esprit importun, lui ai-je crié, viens faire ta dernière visite sur la terre, et jouir de ton triomphe par la chute du dernier descendant de ton ennemi. » Le spectre parut sourire et me faire un signe ; et il disparut. Que pensez-vous de cela ? J’ai fait la même question à mon confesseur, homme excellent et plein de lumières. Il me répondit que l’Église admettait la possibilité de telles apparitions ; mais il me pressa de ne pas donner trop d’attention à celle-ci, parce que l’imagination évoque souvent de pareils fantômes. Qu’en pensez-vous ?

« Ce qu’en pense votre confesseur, » répliqua Waverley, qui ne voulait pas entamer une discussion sur un tel sujet, dans un pareil moment. Un coup frappé à la porte annonça l’arrivée de l’ecclésiastique, et Édouard se retira pendant qu’il administrait aux deux prisonniers les derniers secours de la religion, conformément aux rites de l’Église catholique.

Environ une heure après, il rentra. Un détachement de soldats ne tarda pas à venir avec un serrurier, qui dériva les fers des jambes des prisonniers.

« Vous voyez quel cas ils font de la force et du courage des montagnards ; nous avons été enchaînés ici comme des bêtes féroces, au point que nos jambes en sont presque tombées en paralysie ; et quand ils nous délient, ils envoient six soldats avec le mousquet chargé, de peur sans doute que nous prenions ce château d’assaut. »

Édouard apprit plus tard que ces précautions avaient été ordonnées par suite d’une tentative d’évasion faite par des prisonniers, tentative qui avait failli réussir.

Quelques instants après, les tambours de la garnison battirent