Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/482

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par une longue et sévère détention. À son côté était Evan Maccombich. Édouard, en les voyant, sentit son cœur défaillir et ses yeux se troubler ; mais il fut rappelé à lui par la voix du greffier criminel qui prononçait la formule solennelle : « Fergus Mac-Ivor de Glennaquoich, autrement dit Vic-Jan-Vohr, et Evan Mac-Ivor dans le Dhu de Tarrascleugh, autrement dit Evan Dhu Maccombich, vous et chacun de vous êtes atteints et convaincus de haute trahison. Qu’avez-vous à dire en votre faveur, pour que la cour ne prononce pas contre vous la peine capitale conformément à la loi ? »

Fergus, quand le président de la cour remit sur sa tête la fatale toque du jugement[1], plaça son bonnet sur sa tête, regarda le président d’un œil tranquille et sévère, et répondit d’une voix assurée : « Je ne puis laisser croire à cette nombreuse assemblée que sur une telle invitation je n’aie rien à répondre ; mais ce que j’ai à dire, vous ne voudriez pas l’entendre, car ma défense serait votre condamnation. Continuez donc, au nom de Dieu, à faire ce que vous avez le pouvoir de faire. Hier et avant-hier vous avez condamné le plus loyal, le plus noble sang, à être répandu comme de l’eau. N’épargnez pas le mien ; tout celui de mes ancêtres fut-il dans mes veines, je l’aurais exposé pour cette cause. » Il se rassit, et refusa de se relever.

Evan Maccombick le regarda avec des yeux pleins d’émotion et se leva ; il semblait vouloir parler ; mais l’appareil de la cour, la difficulté de s’exprimer dans une langue qui ne lui était pas familière, le troublèrent au point qu’il ne put prononcer un mot. Un murmure de compassion se fit entendre parmi les spectateurs ; on pensait que ce malheureux voulait alléguer l’obéissance qu’il devait à son chef comme une excuse de son crime. Le juge demanda, le silence et encouragea Maccombich à parler.

« Je voulais seulement vous dire, milord, dit Evan d’un ton qu’il tâchait de rendre le plus insinuant possible, que si Votre Honneur et l’honorable cour voulaient remettre Vich-Jan-Vohr en liberté pour cette fois, et le laisser retourner en France pour ne plus troubler à l’avenir le gouvernement du roi George, six hommes des principaux de son clause remettraient aux mains de la justice à sa place ; si vous voulez me laisser aller à Glennaquoich, je vous les amènerai pour être décapités ou pendus, et vous commencerez par moi tout le premier. »

  1. Le président se couvre avant de prononcer la sentence capitale.