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miens, je lui demandais humblement la permission de déposer ma commission dans les mains de Son Altesse Royale, et de me retirer du service. Il ne s’attendait pas à cela ; il me dit de reprendre ma commission, ajouta quelques paroles flatteuses sur mes services, et m’octroya ma requête.

« Vous voilà donc libre encore une fois ; j’ai promis pour vous que vous seriez à l’avenir un bon garçon, et n’oublieriez jamais ce que vous devez à la clémence du gouvernement. Ainsi, vous voyez que mon prince sait être aussi généreux que le vôtre. Je ne prétends pas toutefois qu’il accorde une faveur avec autant de grâce et de courtoisie que votre chevalier errant ; mais il a les manières franches d’un Anglais, et sa répugnance manifeste à répondre favorablement montre qu’il sacrifie ses idées personnelles à ceux qui le sollicitent. Mon ami l’adjudant-général m’a procuré une copie des lettres de grâce pour le baron ; l’original reste entre les mains du major Melville, et je vous envoie cette copie, sachant que vous aurez grand plaisir, si vous pouvez le joindre, à lui apprendre le premier cette heureuse nouvelle. Il doit sans perdre de temps se rendre à Duchran, où il fera sa quarantaine. Pour vous, je vous permets de l’y accompagner, d’y rester même une semaine ; car je sais que certaine jolie dame habite le château. Je suis charmé de pouvoir vous annoncer que vos progrès dans ses bonnes grâces combleront de joie sir Éverard et mistriss Rachel, qui ne croiront jamais votre avenir certain, ni les trois hermines en sûreté, que vous ne leur présentiez une milady Édouard Waverley. Certaine intrigue d’amour qui m’intéressait, il y a bien long-temps, fit manquer de beaux projets proposés en faveur des trois hermines. Je suis donc en honneur tenu à réparer ma faute ; ainsi, employez bien votre temps ; et votre semaine finie, il faut absolument que vous veniez à Londres solliciter votre pardon devant les tribunaux.

« À jamais, mon cher Waverley, votre tout dévoué.

« Philippe Talbot. »

CHAPITRE LXVII.


Heureux qui sait fléchir sa belle
En six jours qu’il passe près d’elle !


Quand les premiers transports de joie causés par ces excellentes nouvelles se furent un peu calmés, Édouard proposa de des-