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verley : il le fit, et reçut sa récompense. La maladie de Waverley dérangea tous leurs calculs : Donald fut forcé d’abandonner le pays avec ses gens ; et de chercher un champ plus libre pour ses exploits. À la prière instante de Rose, il laissa un vieux montagnard, qui prétendait savoir un peu de médecine, pour soigner Waverley durant sa maladie.

Cependant des inquiétudes tourmentèrent bientôt le cœur de Rose ; la vieille Jeannette lui disait qu’une récompense était promise à celui qui saisirait Waverley, que ses effets d’ailleurs avaient beaucoup de valeur, et que la tentation pouvait entraîner Donald. Dans l’excès de sa douleur, Rose prit la résolution d’exposer au prince lui-même le danger que courait M. Waverley, persuadée que par politique et par humanité Charles-Édouard viendrait à son secours. Elle songea d’abord à envoyer une lettre anonyme, mais elle craignit qu’elle n’inspirât aucune confiance. Elle signa donc, quoique d’une main tremblante, et chargea de la missive un jeune homme qui, en quittant sa ferme pour aller joindre le drapeau du Chevalier, lui demanda une espèce de recommandation auprès du prince, dont il espérait obtenir une commission.

Le prince reçut la lettre dans sa marche vers les basses terres ; et voyant de quelle importance il serait de faire croire qu’il avait des relations avec les jacobites d’Angleterre, il fit passer à Donald les ordres les plus positifs de respecter la personne et les effets de Waverley, et de le conduire chez le gouverneur du château de Doune. Le maraudeur n’osa désobéir, car les troupes du prince étaient si peu éloignées, que le châtiment ne se serait pas fait attendre ; et d’ailleurs la politique lui défendait d’ébranler le crédit que lui avaient acquis ses services secrets, en désobéissant à un ordre formel. Il fit donc de nécessité vertu, et chargea son lieutenant d’escorter Édouard jusqu’à Donne, ce qui s’exécuta sans obstacles, comme on l’a vu dans un chapitre précédent. Le gouverneur de Doune avait ordre de diriger Waverley sur Édimbourg comme prisonnier de guerre : car le prince craignait qu’une fois mis en liberté, il ne retournât en Angleterre ; et en cela il agit d’après le conseil de Fergus, qu’il consulta, comme on se le rappelle, sur ce qu’il devait faire d’Édouard, sans lui dire comment il avait appris le lieu de sa retraite.

Il est vrai que Charles-Édouard considérait cela comme un secret de femme ; car quoique Rose eût conçu sa lettre dans les