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devoir et la discipline, jusqu’à ce que la pauvre Rose, désespérée, lui offrît, pour l’y décider, quelques bijoux précieux qui avaient appartenu à sa mère.

Donald Bean, qui avait servi en France, connaissait ou peut-être même s’exagérait la valeur de ces joyaux ; mais il s’aperçut aussi combien Rose craignait qu’on ne vînt à savoir qu’elle avait donné ces bijoux pour la délivrance de Waverley. Pour lui ôter toute crainte, il jura qu’il n’en dirait jamais rien ; et sachant qu’il aurait plus d’avantage à garder ce serment qu’à le rompre, il s’engagea, afin, dit-il à son lieutenant, d’agir loyalement avec la jeune dame, de la seule manière qui lui parût sacrée, d’après une convention avec lui-même : il jura secrètement sur son direk nu. Il fut porté surtout à cet acte de bonne foi par les égards que témoignait miss Bradwardine à sa fille Alice, et qui, en gagnant le cœur de la jeune montagnarde, flattaient en même temps l’orgueil du père. Alice, qui commençait à parler anglais, était très-commnnicative à l’égard de Rose ; elle lui confia tout ce qui concernait l’intrigue avec le régiment de Gardiner, et consentit, sur sa demande, à rendre à Waverley, à l’insu de son père, tous les papiers qui l’intéressaient. « J’obligerai ainsi, se dit-elle, la jeune lady et le beau gentleman ; et quel besoin mon père a-t-il de ces morceaux de papier ? »

Elle exécuta ce projet, comme le lecteur le sait, la veille du jour où Waverley quitta la cabane.

Le lecteur doit aussi se rappeler comment Donald exécuta son entreprise. Mais l’expulsion des soldats de Tully-Veolan avait donné l’alarme, et tandis qu’il attendait Gilfillan, un corps de troupes assez considérable, auquel Donald n’aurait pu résister, fut envoyé pour chasser à leur tour les insurgés, occuper Tully-Veolan, et protéger le pays. Le commandant, gentilhomme et puritain, ne se présenta point chez miss Bradwardine, dont il respecta la situation, et défendit à ses soldats d’enfreindre en rien la discipline. Il établit un petit camp près du château ; et plaça des postes dans les chemins du voisinage. Donald Bean apprit ces malencontreuses nouvelles comme il revenait à Tully-Veolan ; déterminé toutefois à obtenir la récompense de sa peine, il résolut, puisqu’il ne pouvait approcher davantage du château, de déposer son prisonnier dans la cabane de Jeannette, où n’auraient pu arriver sans guide ceux-là même qui habitaient depuis long-temps les environs, et qui n’étaient nullement connue de Wa-