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amener Rose à Glennaquoieh. Mais à peine avait-il donné à Evan l’ordre de s’acquitter de cette expédition avec un détachement, que la nouvelle de l’entrée de Cope dans les montagnes pour dissiper les troupes du Chevalier avant qu’elles se fussent réunies en corps d’armée, le contraignit de rejoindre les drapeaux avec toutes ses forces.

Il envoya à Donald Bean l’ordre de venir le trouver ; mais ce rusé maraudeur, qui comprenait quels avantages on pouvait retirer d’un commandement particulier, différa d’obéir sous divers prétextes que Fergus, pressé par le temps, fut obligé d’admettre sans examen, se promettant bien, toutefois, de punir ce retard en temps favorable. Il ordonna à Donald de descendre dans la plaine ; de chasser les rouges de Tully-Veolan, et de prendre position près du château pour protéger Rose et écarter tous les pillards et tous les partis de troupes qui se montreraient aux environs.

Donald se promit de tirer le plus d’avantage possible du pouvoir étendu qui lui était confié. Délivré de tout sujet immédiat de crainte du côté de Fergus, et s’étant d’ailleurs acquis quelque crédit dans les conseils du Chevalier par des services secrets, il résolut de faucher pendant que le soleil brillait. Il parvint sans peine à chasser les soldats de Tully-Veolan, et quoiqu’il n’osât s’attaquer aux gens du château ni à miss Rose, de peur de se faire un ennemi puissant dans l’armée du Chevalier,


Car il savait que du baron sévère
Il fallait craindre la colère,


il se mit à lever des contributions sur les vassaux et à faire une espèce de guerre à son profit. Cependant il arbora la cocarde blanche et eut beaucoup d’égards pour Rose, parlant sans cesse de son zèle pour la cause que soutenait le baron, et s’excusant de ce qu’il était obligé de se permettre pour entretenir ses soldats. C’est alors que Rose apprit par le bruit public, qui exagère tout, que Waverley avait tué le forgeron de Cairnwreckan qui voulait l’arrêter ; qu’il avait été jeté en prison par le major Melville de Cairnwreckan, et devait être exécuté dans trois jours, en vertu de la loi martiale. Accablé par cette nouvelle, elle proposa à Donald Bean de délivrer le prisonnier. Il saisit avec empressement l’occasion de rendre un service de ce genre, qui pourrait faire passer sur quelques peccadilles qu’il aurait commises dans le pays. Il eut cependant l’adresse de résister, en alléguant son