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ils cessèrent quand il fut plus près. Une voix parla en dedans, et il crut prudent d’écouter avant d’approcher davantage.

« Qui m’amènes-tu là, vilain imbécile que tu es ? » dit une vieille femme qui semblait indignée. Il entendit Davie Gellatley, pour toute réponse, siffler un morceau de l’air qu’il lui avait chanté pour se rappeler aux souvenirs du malheureux, et dès lors il n’hésita plus à frapper à la porte. Un terrible silence régna aussitôt dans la cabane, sauf le grognement des chiens. Puis, il entendit la maîtresse de la hutte s’approcher de la porte, non pas sans doute pour ouvrir le loquet, mais pour tirer un verrou. Waverley la prévint, et ouvrit lui-même.

Il se trouva en face d’une vieille femme en guenilles qui s’écria :

« Que venez-vous chercher chez les gens à pareille heure ? » D’un côté, deux grands chiens de chasse menaçants et presque épuisés calmèrent leur fureur à sa vue, et parurent le reconnaître. De l’autre, à demi caché par la porte ouverte, mais ne semblant garder qu’à regret l’incognito, un pistolet armé d’une main, et l’autre prête à en tirer un second de sa ceinture, se tenait un homme grand, sec et décharné, avec un vieil uniforme, et une barbe de trois semaines.

C’était le baron de Bradwardine. Il est inutile d’ajouter que, posant les armes, il vint cordialement embrasser Waverley.


CHAPITRE LXIV.

ÉCLAIRCISSEMENTS.


Débarrassée des citations et des proverbes latins, anglais, écossais, dont son érudition se plut à l’orner, l’histoire du baron n’était pas longue. Il insista beaucoup sur le chagrin qu’il avait ressenti de la perte d’Édouard et de Glennaquoich ; il avait combattu à Falkirk et à Culloden, et raconta comment, après que tout fut perdu dans cette dernière bataille, il était retourné à son château, espérant trouver parmi ses vassaux et sur ses domaines un asile plus sûr qu’ailleurs. Un détachement de soldats avait été envoyé pour dévaster ses biens ; car la clémence n’était pas à l’ordre du jour : toutefois leurs ravages furent arrêtés par ordre des autorités civiles. La baronnie, pensa-t-on, ne pouvait être confisquée au profit de la couronne, et au préjudice de Malcolm Bradwardine d’Inch-Grabbit, l’héritier mâle, dont les droits