Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/415

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même rejoignait en ce moment sa troupe ; il était à cheval, revenant d’accompagner le prince. Sitôt qu’il aperçut Édouard qui venait vers lui, il tourna son cheval de son côté.

« Colonel Mac-Ivor, dit Waverley sans le saluer, j’ai à vous avertir qu’un de vos hommes vient tout à l’heure de tirer sur moi d’une embuscade. »

« C’est, répondit Fergus, à l’exception de la place qu’il a choisie, un plaisir que je me propose d’avoir moi-même ; je voudrais savoir lequel de mes gens a osé me prévenir. » — « Je suis toujours à vos ordres ; celui qui s’est attribué votre office, c’est votre page Cailum Beg. — « Sortez des rangs, Callum ! Avez-vous tiré sur M. Waverley ?

« Non, » répondit Callum sans la moindre émotion.

« Vous l’avez fait ! » s’écria Alick qui était déjà de retour, ayant trouvé un dragon sur lequel il s’était déchargé de sa commission pour le baron de Bradwardine, pendant que lui-même revenait vers son maître au grand galop, n’épargnant ni la molette de ses éperons, ni les flancs de son cheval. « Vous l’avez fait. Je vous ai vu aussi distinctement que je vis jamais le vieux clocher de Coudingham. »

« Tous mentez, » répondit Callum avec la même obstination et la même impassibilité.

Le combat entre les chevaliers aurait été probablement, comme aux jours de la chevalerie, précédé d’une rencontre entre leurs écuyers (car Alick, un brave paysan du comté de Mers, redoutait les flèches de Cupidon plus que la dague ou la claymore d’un Highlandais) ; mais Fergus, avec un ton impérieux et décidé, demanda à Callum ses pistolets ; le chien était baissé, le bassinet et le canon étaient noircis par la fumée : le pistolet venait d’être déchargé !

« Tiens, dit Fergus en frappant Callum sur la tête de toute sa force, avec la crosse du pistolet ; tiens, voilà pour t’apprendre à agir sans ordre, et à mentir ensuite pour t’excuser. » Callum reçut le coup sans faire le moindre mouvement pour l’éviter ; il tomba à terre sans aucun signe de vie. « Ne bougez pas, sur vos têtes, dit Fergus au reste du clan ; je fais sauter la cervelle au premier qui s’interpose entre monsieur Waverley et moi. » Tous demeurèrent immobiles. Evan Dhu seul paraissait ému et inquiet. Callum était étendu par terre ; le sang sortait en abondance de sa blessure : personne n’osait remuer pour le secourir : on eût dit qu’il avait