Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/411

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vous m’avez si souvent fait la confidence, puisse avoir cessé si subitement. »

« Colonel Mac-Ivor, répondit Waverley, qui ne voulait pas se laisser entraîner plus loin qu’il n’en avait l’intention dans une affaire qu’il avait déjà attentivement considérée, et à laquelle il avait renoncé, je suis pénétré de la valeur de vos bons offices ; et certainement, votre zèle à me servir dans une circonstance de cette espèce me fait le plus grand honneur ; mais comme miss Mac-Ivor s’est déterminée volontairement, librement, que toutes mes attentions à Édimbourg ont été reçues par elle avec plus que de la froideur, je ne puis, par considération pour elle comme pour moi-même, consentir qu’on la tourmente encore à ce sujet. Il y a long-temps que je vous aurais fait part de ma résolution à cet égard, mais vous avez vu sur quel pied j’étais avec miss Mac-Ivor, et vous auriez pu comprendre tout cela vous-même. Si j’avais cru qu’il en fût autrement, j’aurais eu avec vous une explication moins tardive ; mais j’avais une répugnance naturelle à aborder un sujet pénible pour vous et pour moi. »

« Fort bien, monsieur Waverley, répondit Fergus avec hauteur ; Tout est dit. Je n’ai besoin de solliciter ma sœur en faveur de personne au monde. »

« Et moi, pas besoin de rechercher de nouveaux refus de sa part, » répondit Édouard sur le même ton.

« Néanmoins, continua le chef sans faire attention à ce que venait de dire Édouard, je prendrai des informations ; je saurai ce que ma sœur pense de tout cela : nous verrons si la chose doit en rester là. »

« Au sujet de ces informations, dit Waverley, vous ferez ce que vous jugerez à propos. Il n’est pas probable, j’en suis convaincu, que miss Mac-Ivor change de détermination mais si cet événement arrivait, ma détermination, à moi, n’en resterait pas moins invariable. Je ne fais cette remarque que pour prévenir dorénavant toute espèce de malentendu. »

En ce moment, Mac-Ivor aurait de grand cœur terminé leur querelle, l’épée ou le pistolet à la main : ses yeux étincelaient ; il toisait Édouard des pieds à la tête, comme pour choisir le lieu qu’il faudrait viser pour le frapper à mort. Quoique nous ne nous querellions plus d’après les us et coutumes consacrés par Caranza ou Vincent Saviola[1], cependant personne mieux que Fergus ne

  1. Fameux bretteurs d’alors. a. m.