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souvent en contradiction avec nos intérêts, avec nos passions, quelquefois avec nos plus chères et nos plus saintes affections. Ce sont là les épreuves de la vie ; et quoique celle-ci ne soit pas la moins cruelle (des larmes roulèrent malgré lui dans ses yeux), cependant ce n’est pas la première à laquelle le sort m’ait soumis ; mais nous parlerons de cela demain matin, dit-il en serrant avec force la main de Waverley. Bonne nuit ! tâchez de l’oublier pendant quelques heures. Il fait jour à six heures, je crois, et il est maintenant deux heures passées. Bonne nuit ! »

Édouard se retira sans pouvoir lui répondre.


CHAPITRE LVI.

DÉMARCHE.


Le lendemain matin, quand le colonel entra dans la salle où il déjeunait chaque jour avec son ami, il apprit du domestique de Waverley que notre héros était sorti de très-bonne heure, et qu’il n’était pas encore de retour. La matinée était fort avancée quand il rentra. Il arriva hors d’haleine, mais avec un air de joie qui surprit le colonel Talbot.

« Voilà, dit-il en jetant un papier sur la table, voilà mon travail de la matinée… Alick, faites les paquets du colonel, dépêchez-vous, dépêchez-vous.

Le colonel, étonné, examina le papier. C’était un sauf-conduit du prince pour le colonel Talbot, afin de se rendre à Leith ou à tout autre port au pouvoir des troupes de Son Altesse Royale, et s’y embarquer pour l’Angleterre, ou pour toute autre ville, selon le bon plaisir du colonel, sous la seule condition qu’il donnerait sa parole de ne pas porter les armes contre la maison des Stuarts, avant un an.

« Au nom de Dieu, dit le colonel les yeux étincelants de joie comment avez-vous obtenu cela ?

« Je me suis présenté au lever du Chevalier, d’aussi bonne heure que possible : il était déjà parti pour aller visiter le camp de Duddingston. Je l’y ai suivi ; j’ai demandé une audience, il me l’a accordée… Mais je ne vous dis pas un mot, que je ne vous voie faire vos paquets. » — « Avant de savoir si je peux user de ce passeport, et comment vous l’avez obtenu… » — « Oh ! soyez persuadé que tout est en règle… Maintenant que je vous